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Critique de Ellane92


Trois jeunes gens visitent Naples. Dans un musée, l'un d'entre eux, Octavien, le plus jeune et le plus romantique, s'enflamme et se perd à la vue de l'empreinte d'un buste de femme pétrifiée dans des cendres de Pompéi, et récupérée dans la demeure d'Arrius Diomèdes. Les jeunes gens visitent Pompéi et s'organisent un souper sur les ruines de la ville. Plus tard, ne trouvant pas le sommeil, Octavien retourne sur le site archéologique. A la lumière de la lune, les bâtiments semblent moins abimés, les rues mieux pavées. Au détour d'une rue, quand le jour se lève, les maisons de Pompéi sont intègres, il entend des bruits, croise un homme habillé "à l'antique". Les siècles ont reculé devant les soupirs de son coeur, Octavien parcourt le Pompéi de l'an 79, quand la belle Arria Marcella se déplaçait comme l'on danse entourée de ses servantes.

Cette nouvelle très courte de Théophile Gautier tient à la fois du romantique et du fantastique. Romantique par son héros, Octavien, qui fuit la réalité et se délecte de la vision d'une empreinte de lave figée sur la courbe d'un corps féminin. Les images du passé sont pour lui bien plus vivantes que les femmes de chair qu'il croise tous les jours. T. Gautier se focalise sur les sentiments et les sensations de ce jeune, qu'il met souvent en comparaison avec ses deux amis venus avec lui visiter l'Italie, amis "bien de et dans leur temps". le fantastique, lui, apparait par petite touche, avec la complicité la lune de son amie; les ruines sont cachées, jusqu'à ce qu'elles apparaissent dans leur glorieuse jeunesse, avant que le volcan ne crache son flot de feu et de mort, et s'animent sous les pas des vivants. Sous nos yeux, l'auteur fait revivre Pompéi, son architecture, ses habitants, ses activités. "Un prodige inconcevable le reportait, lui, Français du XIXème siècle, au temps de Titus, non en esprit, mais en réalité, ou faisait revenir à lui, du fond du passé, une ville détruite avec ses habitants disparus ; car un homme vêtu à l'antique venait de sortir d'une maison voisine."
Et bien sûr, bientôt apparait la belle, la merveilleuse, la "désirante" Arria Marcella, dont l'empreinte du buste avant tant émut Octavien. Et Arria Marcella constitue à elle seule un élément essentiel du romantisme et du fantastique de la nouvelle, elle dont le désir d'être aimée fait revivre Pompéi pour permettre la rencontre du fantôme et du jeune homme, dans un même "espace-temps".
Cette nouvelle de T. Gautier parle d'amour et du désir, et de la mort, de l'Eros qui vainc le Thanatos. Pour un temps, pour un temps seulement. Alors sonne le glas de la réalité pour Octavien, personnifié par la colère du vieux père de Marcella, ou par l'écho des cloches de l'église chrétienne qui résonne et traverse les siècles pour retentir dans la ville qui bientôt cessera d'exister.

L'histoire d'Arria Marcella est magnifique, la plume de T. Gautier sublime et poétique, j'ai été transportée dans le corps et l'âme d'un jeune homme qui traverse le temps à la rencontre de son premier et son dernier amour, sa coupe d'ivresse suprême. Une très belle lecture, que je recommande à tout le monde !
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