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Critique de SaveurLitteraire


Un moine qui tombe éperdument amoureux d'une mystérieuse courtisane, au point de mener une double-vie dangereuse pour son âme. Comme beaucoup d'entre nous, c'est au collège que j'ai découvert les mots de Théophile Gautier, avec le conte fantastique La Morte amoureuse, et ici s'était arrêtée mon aventure avec la plume, jusqu'à aujourd'hui. Contes fantastiques est un recueil de contes dans une édition scolaire.

Quelques mots sur Théophile Gautier : son écriture est un mélange de poésie et de descriptions fouillées, travaillées avec finesse, mais aussi il sait rester accessible aux lecteurs contemporains ; juste assez pour donner un cadre tout en laissant suffisamment d'espace pour déclencher un poil d'imagination dans ses textes. Essayons de donner un aperçu du ressenti sur chacun des contes !

La cafetière : cruellement court et délectable, ambiance festive et étrange tandis qu'on déambule dans la nuit, à ne pas savoir si c'est un rêve ou la réalité, jusqu'à la chute, triste. Une histoire d'amour vouée à ne jamais être, puisque l'un des deux n'est plus.

Onuphrius ou les vexations fantastiques d'un admirateur d'Hoffmann : Hommage à un autre père de la littérature fantastique, et aussi un rythme effréné. le malaise grandit tout au long de la nouvelle pour atteindre son apothéose à la toute fin, sans donner la moindre explication claire sur ce qu'on vient de lire. La folie guette pour une raison inconnue, jusqu'au tout dernier souffle semble-t-il.

Omphale : Très similaire à La cafetière dans son histoire, avec quand même des variations, notamment sur la fin, surprenante et, quand même, rassurante parce qu'on ignore ce qui se serait passé si les amours avaient pu être réunis. Bien ? Mal ? Un amour impossible qui aurait pu être, si l'un des deux amants avait réussi à racheter la tapisserie qui a tout déclenché. Mais à quel prix ?

La Morte amoureuse : Un chef d'oeuvre sous forme de conte, qui peut sembler imposant et rébarbatif à un élève de quatrième, mais lorsque cet élève y revient des années après, les mots gardent leur saveur et l'histoire n'en est que meilleure, plongée dans une ambiance gothique où vampires et fantômes règnent dans la nuit.

Le chevalier double : Relativement court comme conte, pas le plus mémorable mais un bon moment tout de même, passé en compagnie d'un chevalier amoureux perdu entre deux parties de lui-même, cela depuis sa naissance. C'est d'ailleurs plus l'histoire de sa mère qui intéresse que la sienne, mais là, c'est subjectif. Et enfin, un peu de triomphe de l'amour sur la fin !

Le pied de momie : Parfaitement irréaliste, mais pas moins délicieux, même si c'est là aussi très court et qu'on ne sait pas le pourquoi du comment exact. Comment tomber amoureux d'une princesse et fille de Pharaon ? En lui rendant le pied qu'elle a perdu et en demandant sa main à son père. S'il n'y avait pas cette immortalité entre les deux amoureux…

Deux acteurs pour un rôle : Mise en page différente pour ce conte, car elle se compose de trois parties ! Qui offense le Diable se frotte à ses cornes… et le Diable n'est pas heureux qu'on l'imite aussi mal, semble-t-il. Conte efficace et délectable encore une fois, où l'on a peur pour le jeune comédien qui croit jouer le Diable à la perfection, acclamé par la foule. Les dangers sont plus nombreux qu'il ne le croit, pourtant… Glaçant à souhait, fantastique comme on aime !

Arria Marcella : Un nouvel hommage à Hoffmann et une balade dans une Pompéi antique, après qu'un jeune homme ait aperçu un visage qui allait le hanter jusqu'à sa mort, peut-être. Jusqu'où l'amour peut mener, jusqu'à l'Au-delà ? Là aussi, pas le plus excitant des contes, mais un bon moment passé en compagnie des habitants d'un monde prêt à être réduit en cendres.

Ces huit contes fantastiques traitent avant tout d'amours déçus ou d'amours impossibles, soit par la séparation entre les vivants et les morts, soit par le Temps qui passe ou des ennemis terribles. Les femmes y sont dépeintes comme des créatures dangereuses ou inaccessibles, et les hommes comme des êtres perdus et influençables dès lors qu'ils croisent le regard de la belle. Ce que j'aime le plus dans le fantastique, et ce qui m'a séduit dans le cas de Théophile Gautier, c'est la liberté de ne pas devoir tout expliquer au lecteur lorsqu'un événement inhabituel se produit. On peut ainsi doser le mystère, et laisser le lecteur se faire ses propres hypothèses. Ce qui apparaît frustrant à la première lecture et se révèle un réel plaisir aux prochaines plongées dans ces contes étranges.

Très bonne lecture et des retrouvailles enthousiasmantes avec le genre du conte, à lire au moins une fois !
Lien : https://saveurlitteraire.wor..
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