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Critique de EvlyneLeraut


Magistral, un cerf-volant en plein ciel, « Black Manoo » est l'un des plus beaux livres au monde. Ce récit est une boussole, un parchemin, une nécessité. La vie est ici. Tremblante, colorée, vive, attentionnée. L'écriture est une invitation, une danse endiablée, envoûtante. Olympienne, vivifiante, humble, magnanime, elle vaut tous les outils du monde pour oeuvrer en humanité. « Pas besoin d ‘aller sur la mer de la Tranquillité pour prononcer une pareille phrase. » « Roissy est sur la lune, et Air France une compagnie spatiale pour tout Africain. » La trame est magie. Formidable, les courants s'attirent et gonflent les pages de tendresse, s'abreuvent des regards loyaux. Black Manoo est un junkie abidjanais qui arrive en France. Direction Belleville, par porte de Bagnolet ou par porte de la Chapelle ? le récit rayonne, échappe ses crayons de couleur. Nous sommes dans cette symbiose cosmopolite, urbaine, sociologique, universelle. Dans cet habitus comble de combines, d'entraides, et de sincérité. Ce récit bouillonne de l'intérieur. « Black Manoo marche dans ses rêves. Les rues désertes de l'aube exacerbent l'onirique. Chaque pas, il les plante dans le pavé pour en entendre l'écho. » Vous entendez n'est-ce-pas, cette assurance, ce diapason en osmose avec la contemporanéité, chaque minute est rassasiée de désirs, de rires, de surprises, et d'espérance. Citadin, il râcle au cutter le profond des écorces. Black Manoo enchante ce récit. Il incite à l'ouverture, à l'admirable hospitalité qui est la pierre angulaire de la fraternité. Black Manoo est aussi un cri qui déchire la nuit en mille morceaux par une révolte sourde. Un homme debout qui résiste aux courants d'air, qui cherche sa voie dans le somptueux de ses amis de coeur, des hôtes des villes, des squats et des galères, qui assemble les différences même les invisibles. « Pour un sans-papiers, le défaut de titre de transport est le pire crime. » « Et survivre, c'est au-dessus de la vie. » Voyez comme la plume de Gauz respire et attire à elle le lecteur qui voudrait apprendre par coeur ce grand récit. Il y a au profond de ce récit d'ébène et de gloire, l'énergie pour résister. Les armes pour affronter ses propres démons. Les cartographies des coeurs et des espaces. Les bruits des pas, les silences, ce qui reste dans le rare d'un crépuscule qui se renouvelle en soi. Ce récit mappemonde, arc-en-ciel, musique, est salvateur. Plus que ce bout du monde insaisissable il est la puissance de l'instant et le plus bel escompte hyperbolique du futur. Les rencontres sont des chapelles, de celles qui accueillent. Il y a les langages sources. Les couleurs et les formidables courages, le berceau de l'humanité. Apprenez par coeur la page 141, « Gus Morgan » Les réponses sont ici. Posées pierres après pierres. Respectueuses, « Dans les branches d'un arbre au milieu d'un jardin de fleurs traversé par un ruisseau d'encre noire : Gus Morgan. » Et, plus encore vous comprendrez que « Black Manoo » est une accolade N° 58. Merci Monsieur Gauz pour vos mots. Black Manoo est mon ami pour toujours. « Black Manoo » est sur la place des Grands. Publié par les majeures Editions le Nouvel Attila.
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