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Critique de mollymonade


Tel-Aviv, au plus fort de la seconde intifada, Eitan Enoch surnommé "Croc", échappe dans la même semaine à trois attentats suicides. Exploit qui lui vaut de devenir brièvement un personnage médiatique, symbole de la résistance israélienne face à la terreur palestinienne. Mais à la suite du choc traumatique causé par ces attentats, sa vie prend un tour décousu qui confine à l'absurde. Alors qu'il travaille pour une start-up produisant des logiciels destinés à faire gagner du temps à la seconde près, il se met à perdre le sien de façon irrationnelle, quasi surréaliste.
Jérusalem, Fahmi Sabih, un jeune Cisjordanien qui vient d'un camp de réfugiés est plongé dans le coma. Capable de comprendre ce qui se passe autour de lui mais incapable de communiquer avec le monde extérieur, il se plonge dans ses souvenirs et raconte comment il s'est laissé convaincre par son frère de participer aux attaques terroristes contre les Israéliens en fabriquant des bombes artisanales, plus par désoeuvrement que par réelle conviction politique ou religieuse. du fin fond de son coma, il lui semble faire un rêve qui s'éternise.

Les voix de Croc et Fahmi se succèdent et très rapidement on comprend que Fahmi est directement impliqué dans les attaques terroristes qui ont failli tuer Croc. Comment et pourquoi ? C'est tout le propos de cette histoire qui décrit comment deux vies opposées mais inextricablement liées se rapprochent et comment, à leur insu, les deux hommes représentent les symboles de causes qui ne sont peut-être pas les leurs.
Croc et Fahmi n'évoluent pas dans le même espace temps, on suit l'un en direct et l'autre s'exprime a postériori, ce qui crée un suspens soigneusement entretenu tout au long de cette histoire où le temps semble tenir une place capitale. Il se dilate ou se rétracte, s'arrête puis reprend pour donner une singulière impression d'étrangeté qui met mal à l'aise. Que l'on court après ou que l'on en ait de trop, pour tous c'est le même temps, celui de la terreur, qui peut s'interrompre à tout instant sous les balles israéliennes ou les bombes palestiniennes.

En présentant deux points de vue opposés et inconciliables face au terrorisme, Assaf Gavron met face à face les éléments de l'équation israélo-palestinienne de manière plutôt (mais pas totalement) impartiale sans jamais devenir la proie de platitudes politiquement correctes ou de stéréotypes faciles. En décrivant ce que c'est pour les uns de vivre sans cesse dans la hantise de la prochaine explosion et ce que c'est pour les autre de vivre constamment avec le rappel brutal de l'emprise des occupants sur leur vie, il montre que malgré leur antagonisme, Juifs et Arabes partagent quand même des valeurs communes : la haine, la violence, la douleur, la peur et la paranoïa qui les entrainent dans une spirale infernale
J'ai apprécié ce roman mais sa touche d'humour (le fameux humour juif ?) m'a plutôt déconcertée et empêchée d'être tout à fait emballée. de cet auteur, j'ai très largement préféré Les innocents.
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