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Critique de Dionysos89


Après une certaine période où il avait interrompu son travail d'écriture, Thomas Geha relance la machine avec Des sorciers et des hommes, roman remarquable à différents égards.

Un « buddy roman » de fantasy
Des sorciers et des hommes est avant tout un roman faisant penser aux fameux « buddy movies » : un roman de copains, avec un duo de choc, le tandem savoureux d'un guerrier et d'un sorcier associés dans un but commun. D'un côté, il y a Hent Guer, mercenaire qui trucide sans vergogne et sans remords ; de l'autre, il y a Pic Caram, sorcier aux rubans… qu'est-ce qu'un sorcier aux rubans ? c'est un des rares magiciens qui persistent dans ce monde à pouvoir manipuler la vie des gens en discernant autour d'eux des rubans sur lesquels ils peuvet agir. Comme le dit lui-même l'auteur, Des sorciers et des hommes met en scène des « salopards sans scrupules » et clairement ces deux-là en font partie d'un bout à l'autre du roman. L'auteur les place dans une géographie toute neuve avec un monde de fantasy centrée sur la grande île de Colme où se disputent de nombreux États comme la Heptarchie insulaire d'Évandir ou le protectorat d'Aamir, et où on rencontre des endroits aussi dangereux que la mer d'Os ou les villes d'Isamir, Hob-osijel et Vuratulu (dommage cependant que la carte ne soit pas dans une meilleure définition).

Un roman à épisodes bien structuré
Certains appellent ce type de romans un fix-up, pourquoi pas ; en tout cas, Des sorciers et des hommes présentent six épisodes : une novelette, quatre nouvelles et une longue novella qui clôt le tout. Ce sont clairement les personnages qui portent l'histoire plus que tout le reste. À ce propos, là où le lecteur s'attend au départ à suivre deux compagnons de route partis sur les sentiers de la gloire, on finit par trouver bien autre chose. D'autres personnages sont explorés sans vraiment prévenir : au moins le lecteur n'est pas laissé dans ses petites habitudes, au point même où parfois la chronologie du récit est chamboulée. Avec des « seconds rôles » comme Joanni la guerrière, Bikkir la mafieuse ou Drao Druber l'enquêteur, il y a de quoi passer de bons moments, et même de quoi avoir l'impression de faire notre retour dans un univers proche du Sabre de Sang. Tous ces éléments et ces récits imbriqués qui finissent par se rejoindre en une novella conséquente forment une structure en arabesques qui n'est pas si courante ; peut-être est-ce là une référence au style caractéristique de la magie aux rubans.

Quelques prises de risques
En-dehors de ces aspects plus génériques, il faut noter un certain nombre d'aspects plus personnels à l'auteur. Ainsi, le premier parti-pris est celui de la « sword & sorcery », il est clairement mis en lumière par Thomas Geha lui-même et il faut reconnaître que nous sommes en plein dedans. Ce n'est plus trop d'actualité dans les sorties littéraires de fantasy, mais ici le cocktail est détonnant : des héros amoraux, une certaine brutalité, la sorcellerie peut y être épique mais clairement pas héroïque, d'autant que les menaces surnaturelles sont légion ; la sword & sorcery de Thomas Geha est bien une « dark heroic fantasy », terme que le cher Apophis ne reniera évidemment pas. Toutefois, et comme souvent dans ses romans et nouvelles, l'auteur réussit à rendre son histoire touchante : les sous-intrigues mettent en scène des personnages affaiblis qu'on ne peut que plaindre et, pourtant, même dans des situations pathétiques, il arrive à nous faire sourire sur des petites choses de la vie quotidienne.

Pour conclure, Thomas Geha est reparti pour un tour avec un nouveau roman de fantasy où il fait la part belle à la sorcellerie et à une ambiance débridée, cela fait plaisir à lire.

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