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Critique de clemia


L'attente. L'attente de revoir un visage dont les contours se sont estompés au fil des ans. L'attente de cette main à serrer enfin et de cette sensation autrefois familière de bras autour de soi. L'attente des retrouvailles tant espérées, après toutes ces années. L'attente d'un fils, d'un mari, d'une soeur, d'une famille.

Quand la guerre de Corée éclate en 1950, alors à peine libéré du joug japonais, la population se retrouve sur les routes, parfois du jour au lendemain, sans presque aucun bagage, juste quelques vêtements et à peine de quoi manger. Tout le monde tente alors de descendre vers le sud, de remonter vers le nord, d'échapper aux tirs, de ne pas se perdre et de surtout ne pas mourir.

Malheureusement, les longs et fatigants jours de marche, les foules de réfugiés, les tirs soudain, la peur et la panique participaient bien souvent à la séparation des familles. Nombreuses sont celles qui ne se sont jamais retrouvées ? C'est le cas de la mère de notre protagoniste dont cette dernière raconte l'histoire. Elle raconte d'abord l'enfance occupée par la peur de l'envahisseur japonais, le mariage très jeune pour assurer sa sécurité, la déportation pour se battre puis l'espoir à la Libération, accompagnée des naissances bienheureuses de deux enfants. Espoir rapidement mis en danger quand la guerre éclate. Qui s'affronte ? Des Coréens contre des Coréens, chacun protégé (et manipulé) par leurs alliés extérieurs. La population doit fuir pour se protéger.
Commence alors le long périple à pied, parmi toute cette foule apeurée et désemparée. La séparation se produit quelque part sur le chemin. La mère et sa fille sont séparées du mari et du fils.

Keum Suk Gendry-Kim raconte cette séparation et ses séquelles en combinant l'histoire de sa propre mère et de deux Coréens, Mme Lee et M Kim qui avaient eu la chance d'être tirés au sort lors des réunions de retrouvailles organisées par les deux pays. A travers ce récit basé sur des témoignages, c'est l'histoire de millier de familles qu'elle raconte. de leur souffrance et leur douleur que jamais nous ne pourrons comprendre. Dans sa postface, l'autrice indique très justement que ce genre d'histoire est loin de ne toucher que les Coréens. Elle est universelle à toutes les personnes qui tentent de trouver une vie meilleure et il ne faut pas oublier que quitter son pays natal dans l'incertitude de revoir ses proches, simplement avec l'espoir de vivre une vie meilleure est loin d'être chose facile et enviable.

Comme à chaque fois, c'est dans un style très soigné, délicat, toujours en noir et blanc que Geum Suk Gendry-Kim nous délivre ce beau récit, émouvant ô combien important.
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