Citations sur Le maître du monde, l'inéluctable ascension d'un tyran (8)
— Écoutez Monsieur, je ne suis pas ici pour perdre mon temps avec des fous. Vous vous imaginez que les banques prêtent comme cela n’importe quoi à n’importe qui !
— Pourtant, votre publicité…
— Notre publicité ? L’homme en noir mesura toute l’énormité de ce que venait de dire son quémandeur. Elle était bien bonne ! Comme s’il pouvait exister des naïfs au point de croire à la publicité des banques. Il partit d’un fou rire inextinguible.
Les partis politiques sont au bout du rouleau. Ils ne représentent plus rien. Les gens sont écœurés des compromissions, des faiblesses, des lâchetés, des scandales, de la concussion et de la bêtise. Ils attendent un chef qui nettoie tout ça.
Toutes les structures de notre civilisation sont en train de s’effondrer. C’est la décadence. La question que je me pose c’est de savoir si c’est un suicide collectif, ou si des mouvements subversifs de gauche ne sont pas occupés à saper nos bases.
— Si on empruntait dans une banque ?
— Une banque, tu es fou, ricana Lucien, ils ne prêtent qu’à ceux qui ont au moins vingt fois les garanties, et encore !
Il prenait un risque énorme. Rien ne disait qu’elle allait tenir sa promesse. Au contraire, une fois dans la rue, elle irait peut-être le dénoncer à la police. Mais quelque chose en cette femme lui donnait confiance. Elle faisait partie d’un certain milieu, et il avait lu dans une abondante littérature policière que les gens du milieu tenaient parole.
A tout prendre je préfère le fascisme qui mettra de l’ordre dans le monde, plutôt qu’un régime de gauche hypocrite qui se prétendant être une émanation du peuple est en fait la pire des dictatures.
En dégustant sa bière, il pensa à ses collègues masculins du lycée. Tous très sympathiques, d’une mentalité très semblable à la sienne, sortis d’ailleurs pour la plupart de la même université.
Il était membre du syndicat, où il était bien noté pour ses activités nombreuses et son dévouement infatigable à la « cause ». Il était de gauche, d’extrême gauche même, et ne s’en cachait pas. Il estimait que tous les maux de l’humanité seraient résolus le jour où tous les gens auraient le même idéal que lui et mettraient en pratique un marxisme bien compris.
À vingt-sept ans, grand, mince, noir de cheveux, il aurait dû plaire au sexe féminin mais il le fuyait avec terreur. En présence d’une femme, il rougissait, se troublait, et était incapable de prononcer une phrase sensée ; il lui arrivait parfois de bégayer.