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Critique de alouett


Arelate (Arles), 1er siècle après Jésus-Christ.
Vitalis est tailleur de pierre. Malgré la grossesse de sa femme, il continue de dépenser son argent dans les jeux de hasard et l'alcool. A force de parier, il a déjà perdu sa solde avant même de l'encaisser, ce qui le contraint à emprunter toujours plus. Mais le prêteur entend bien rentrer dans ses frais et décide de lâcher ses sbires dans la Cité pour mettre la pression sur Vitalis.
Ce dernier se retrouve acculé. Il décide de renoncer à sa liberté et signe un contrat auprès d'un laniste, devant ainsi gladiateur.
En parallèle, nous suivons Neiko, jeune adolescent qui s'apprête à devenir un homme. Son rêve est de pouvoir naviguer mais il se heurte aux réticences de sa mère encore affectée par le décès de son frère.
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Il est désormais assez rare que je me plonge dans de telles fresques historiques. La dernière en date est Murena et je n'ai pas ressenti l'envie d'en parler sur ce blog. Comme il y a des exceptions à la règle, j'ai accepté une proposition que m'a faite Jérôme de découvrir Arelate. La maison d'édition Cleopas m'a envoyé l'intégralité du premier cycle de la série (trois tomes). Mais aussi sceptique ai-je été avant de m'engager dans la lecture, j'ai découvert cet univers avec avidité, d'où mon envie d'en parler.
L'aisance avec laquelle les auteurs installent les personnages et les font évoluer dans cette société est assez déconcertante. L'ensemble est fluide, didactique et divertissant. Quelques pages m'ont suffit pour être totalement captivée par ce scénario.
Si deux personnages principaux [Vitalis et Neiko] se démarquent aisément, c'est pourtant le tailleur de pierre qui retiendra notre attention ; c'est aussi ce personnage que les auteurs développent le plus. Cependant, l'assurance dont témoigne Neiko dès lors qu'il atteint la majorité laisse présager que nous sommes en présence d'un protagoniste à fort potentiel, il n'est pas impossible qu'il nous surprenne dans les tomes à venir.
Concernant Vitalis, l'histoire s'amorce à un moment crucial de la vie et son addiction aux jeux d'argent ne servira finalement que deux choses : c'est un prétexte pour aborder la question des jeux durant la Rome Antique (sujet qui sera d'ailleurs repris de manière plus détaillée dans l'intéressante Annexe du premier tome) et d'acculer tant et tant le personnage au point qu'il contractualise avec le laniste… cela met l'intrigue sur les rails de manière tout à fait intéressante.
Laurent Sieurac et Alain Genot sont parvenus à construire une oeuvre intelligente et à rendre la science ludique. Chaque tome développe cette fiction historique sur une cinquantaine de pages et en annexe, le lecteur peut profiter de dossiers d'une quinzaine de pages où sont repris point par point les sujets importants croisés dans le péplum. La partie documentée ne fait qu'accroître l'intérêt de la série. Des questions aussi variées que les codes vestimentaires, les corporations professionnelles, la gladiature, la grossesse, les croyances et les rituels sont abordées, mais je ne dresse-là qu'une liste non exhaustive de l'éclairage apporté au lecteur. A noter que Alain Genot est archéologue au Musée départemental Arles antique (si vous êtes intéressés, cliquez sur ce lien pour lire une interview d'Alain Genot). On aura également le plaisir et la surprise de découvrir en quoi les auteurs se sont permis quelques libertés avec la réalité historique ; ils abordent ces points très naturellement et assument totalement la part interprétative qu'ils ont sciemment intégré dans le scénario. Un peu de fantaisie historique ne fait de mal à personne lorsque les propos sont aussi bien étayés (écoutez également cette émission sur France Culture dans laquelle Alain Genot revient sur les méthodes d'expérimentation archéologique employées par son équipe ; ils organisent des combats pour retrouver les gestes des gladiateurs).
J'avais déjà eu l'occasion de profiter du travail illustratif de Laurent Sieurac sur L'Assassin royal. Son dessin réaliste se marie parfaitement à ce registre narratif. le trait des dessins est fin, très descriptif, un peu figé par contre sur certains moments (surtout les visages). Je n'ai pas eu l'occasion de tenir en mains la première édition du tome 1 d'Arelate. Cet ouvrage fut en effet publié une première fois en 2009 avec une couverture que je trouve plus criarde que celle qui habille la réédition de 2012. de plus, les planches étaient initialement d'une extrême sobriété, en noir et blanc et complétées des jeux de lumière plus ternes et très contrastés. Cette nouvelle édition s'inscrit dans la même veine graphique que les deux autres tomes du cycle 1 où dominent des teintes sépia. Ponctuellement, de courts passages sont mis en couleur par de doux lavis de gris ; ils nous signalent un temps narratif légèrement décalé dans le passé et nous aident à mieux appréhender l'histoire principale. On peut ainsi mesurer la teneur de certains liens relationnels entre certains personnages ou l'importance d'un événement antérieur à l'action présente. Il y a une belle harmonie entre les deux atmosphères.
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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