- C'est tragique, j'ai appris qu'un papillon ne vivait que quelques jours.
- Sa vie est courte, mais ce qu'il faut retenir c'est qu'elle est magnifique.
Maintenant, personne ne me demande plus mon avis, ni mes conseils. Ça me manque. J'étais curieuse, indépendante, sûre de moi. Ça me manque de ne plus être sûre de rien. On n'est pas tranquille quand on n'est sûr de rien.
L'Alzheimer était comme l'océan sur cette plage : irrésistible, féroce, destructeur. Et elle n'avait aucune digue dans le cerveau pour protéger ses souvenirs et son esprit du massacre.
Le soleil près de plonger dans l'Atlantique paraissait énorme dans le ciel rose et bleu. Elles dépassèrent un homme agenouillé sur le sable qui visait l'horizon avec son appareil photo, tâchant de fixer cette beauté évanescente avant qu'elle ne s'enfuie.
Emotionnellement lasse, intellectuellement vidée, Alice s'affala face au Dr Davis....Elle venait de passer un temps fou, une vrai torture, à subir des tas de tests neuropsychologiques...Les mots, les informations, les questions qu'on lui avait posées et ses réponses lui avaient fait l'effet de bulles de savon, de celles que les enfants soufflent au bout de petites baguettes en plastique par une journée venteuse : elles s'éloignent très vite dans des directions étourdissantes, il faut énormément d'efforts pour les suivre. Et si, un certain temps, on parvient à en conserver certaines dans son champ de vision, elles finissent invariablement par éclater, par disparaître, explosant sans cause apparente pour regagner le néant et l'oubli, comme si elles n'avaient jamais existé.
Elles marquèrent chacune une hésitation avant de s'embrasser. A croire qu'elles s'apprêtaient à se lancer dans une danse apprise depuis peu, sans tout à fait connaître le premier pas, sans savoir qui devait mener.
Comment peut-on se perdre sous son propre toit ?.......Elle fondit en larmes dans le couloir sans pouvoir s'en empêcher, avec l'impression floue de s'observer de loin, de contempler une inconnue. Ses sanglots n'avaient rien à voir avec les larmes contenues d'une adulte. C'étaient ceux, craintifs, désespérés, effrénés d'une enfant.
Anna n'avait pas l'esprit d'aventure de sa sœur. Elle tendait à poursuivre des objectifs conventionnels, dénués de risque, assurés de rapporter des marques d'approbation tangibles.
-Ne me dis pas ce que je dois faire.
-Je ne te demande pas de devenir ma copie conforme. je tiens juste à ce que tu ne te fermes pas de portes.
-Tu veux choisir celles que j'ouvre.
-Non
-Ce que je fais maintenant, c'est ma vie, c'est celle que je veux.
Le soleil près de plonger dans l'Atlantique paraissait énorme dans le ciel rose et bleu. Elles dépassèrent un homme agenouillé sur le sable qui visait l'horizon avec son appareil photo, tâchant de fixer cette beauté évanescente avant qu'elle ne s'enfuie.