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Critique de Ellane92


Il est 6 heures du matin, place Corbis, à Belfort, et en ce samedi de juin 1960, comme tous les matins, Serge Castillon, toujours très ponctuel, met en place la salle du Central, la brasserie dont il occupe la gérance. Déjà un premier client attend que les lumières s'allument. Serge, perfectionniste, souhaite que tout soit à sa place comme à l'accoutumée, pour que ses clients, habitués ou non, puissent venir y déposer leurs pensées ou leur histoire, le temps de siroter un expresso ou d'avaler un verre de calva. Pourtant, aujourd'hui est un jour particulier pour ce gérant bien sous tous rapports : sa demi-soeur, qu'il fréquentait à peine, est morte la veille, et c'est à lui de s'occuper de l'organisation des obsèques. Mais ça passera après le reste : le client n'attend pas !


Je lis très rarement ce genre de livres, qui présente une galerie de personnages, représentatifs d'une époque et d'un lieu, j'avoue avoir un peu de mal quand il n'y a pas d'histoire suivie...
Ce roman (?) évoque donc, dans une unité de lieu (la brasserie) et de temps (le samedi), le personnel et les clients du Central. On ne s'en éloignera pas tout au long des 270 pages, et s'il se passe quelque évènement en dehors de la place Corbis, celui-ci sera relaté par l'un des personnages fréquentant la brasserie.
Le choix du lieu, symboliquement, est plutôt intéressant. C'est un lieu de passage, mais aussi de rassemblement, où les gens se croisent sans se parler, se saluent sans se connaitre. Certains viennent se montrer, d'autres se cacher. Certains viennent y rejoindre un ou des amis, d'autres pour rester seuls, ou pour travailler. Certains viennent y tromper l'ennui, pour d'autres, c'est "la sortie" du weekend. Certains aimeraient bien lier connaissance... Mais chacun repart avec ce qu'il avait amené avec lui, ni plus ni moins. A moins qu'un évènement extraordinaire ne vienne bousculer les us et coutumes de tout ce petit monde, permettant des rapprochements inattendus et inespérés !
Alain Gerber croque avec beaucoup de talent les portraits et petites histoires de ces Belfortains du début des années 60, probablement représentatifs des habitants des villes de province d'après l'Indochine et d'avant l'Algérie. de ces destins à peine entrevus, il ressort une sorte de mélancolie, la difficulté de changer ou de partir, l'impossibilité de rester, l'impasse au final, dont le Central est à la fois le dérivatif et le terminus.
Mais même si le sujet est bien traité, même s'il n'y a pas de monotonie dans la ronde des arrivées et des départs, j'ai eu du mal à arriver au bout de cette journée presque comme toutes les autres, et c'est avec un lâche soulagement (parce que je n'ai rien à reprocher à ce livre!) que j'ai assisté à la fermeture du café et tourné la page finale !
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