Jane Rizzoli est une enquêtrice sacrément rugueuse ! Elle incarne à elle seule une telle personnalité qu'elle inonde ce roman beaucoup moins lisse et moins aseptisé que je ne l'imaginais.
Vraiment pas glamour, confrontée à un environnement professionnel et familial misogyne, sa tactique de survie repose sur la hargne et une redoutable efficacité dans son enquête. Je trouve ce personnage très réussi : difficile de s'y attacher pourtant, tant elle manque de discernement parfois quant à l'objet de son acrimonie. Agressive, acerbe, elle sur-réagit en permanence à l'attaque de collègues machos -mention spéciale à Crowe , assisté des frères de l'enquêtrice - , mais également aux légitimes remarques de collègues plus posés.
Et l'intrigue, dans tout ça ? Sanguinolente comme il faut, un serial killer massacrant des femmes sans liens apparents. Il va donner du fil à retordre aux enquêteurs, qui retrouve le motus operandi d'un assassin pourtant décédé. Copicat ? Une ancienne victime ayant survécu tente d'aider les enquêteurs. Encore un fort personnage que cette victime. Mais ce sont surtout les rebondissements de l'enquête qui la font sortir de l'ordinaire : à mi-roman, Jane commet une erreur.
Après le meurtre d'un suspect, elle est mise sur la touche. Pas de remise en cause pour Rizzoli ; sa relation avec son arme reste très ‘américaine', sa croyance d'une légitimité à tuer intacte. C'est là l'occasion pour l'auteur d'exploiter sa fragilité initiale. Tess Gerritsen fait basculer intelligemment les rôles : les « machos » la défendent, par rapport à un usage inapproprié de son arme, tandis que ses alliés lui tournent le dos. Et pourtant, au bord de l'abime, c'est elle qui trouvera l'assassin à temps.
Je ne pense pas apprécier Jane ; son manque de discernement dans les relations humaines et son flair en font cependant un personnage dont on a envie de connaître la destinée.
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