Le métier de journalisme en était d’ailleurs une des principales victimes. Il était de notre responsabilité de nous éloigner autant que possible de ces pseudo-vérités que ces fantômes de la toile affirmaient détenir.
Je n’avais que peu d’espoir d’obtenir via ce canal suffisamment de renseignements. Nous étions en Floride. Le drame s’était produit dans l’Indiana. Un évènement qui n’avait pour ainsi dire aucun intérêt pour les habitants des environs.
Il devenait urgent que j’atteigne un semblant de calme afin de raisonner intelligemment et ne pas me laisser embarquer dans une réflexion brouillonne. Un exercice plus ou moins nouveau, tant le sujet était brûlant.
À tourner ainsi autour du pot, il jouait la carte de la tyrannie. Il n’était pas innocent. Il réclamait un investissement sans faille, une implication totale. Il tenait à vous faire intégrer ses attentes et qu’elles deviennent votre principal moteur. Tout ce qui dirigeait votre vie ne devait plus se résumer qu’à l’article.
L’avantage des vacances était que j’avais pris la décision de me couper entièrement des informations relayées par les autres médias. Je devais reposer mon cerveau, m’éloigner intellectuellement des contrariétés et des frustrations de ne pas pouvoir couvrir les sujets les plus audacieux.
Son culot m’exaspérait une nouvelle fois. Nous étions à sa merci, au service de son journal. Notre vie privée n’avait jamais lieu d’être lorsqu’il était dans cet état du devoir à accomplir à tout prix.
Les rêves et les espoirs de l’étudiant que j’étais ne pouvaient qu’être comblés. Un contrat si rapidement acquis alors que je savais que mes camarades de classe mettraient un temps impossible à en décrocher un. Alors, j’avais signé. J’avais répondu oui avec empressement. Une décision non pas regrettée, mais l’enthousiasme des débuts avait vite tendu vers une pesante lassitude.
L’effet était immédiat et volontairement provoqué. Il avait ce côté qui ne laissait aucune place à la réflexion. L’action. Rien d’autre que l’action et être capable d’une prise de décision instantanée. Le résultat avait souvent été proche d’une certaine déception.
La pression des chiffres qu’il subissait chaque mois le rendait parfois imbuvable et si tendu qu’il était préférable de se tenir à une distance respectable de son bureau.
Chase était sous le charme, en mode réceptif. Je souriais intérieurement en assistant ainsi à la démonstration que Chase n’avait pas véritablement de barrière, qu’il était tout à fait disposé à engager une discussion que je devinais déjà intéressée.