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Critique de Allantvers


De l'intérêt (ou du risque?) de se lancer dans une oeuvre dont on ne sait rien, ni du contenu ni de l'auteur?

J'ai dévoré ce roman, très (trop?) simple à lire. Malgré les invraisemblances parfois flagrantes de l'intrigue, l'empathie fonctionne immédiatement avec ses personnages, que ce soit Iohann, une sorte de Forrest Gump des Carpathes, Traian l'intellectuel, son saint homme de père ou Alexandra, sa forte et lucide épouse, tous quatre pris dans les engrenages infernaux des barbaries engendrées par les idéologies exacerbées par la guerre. Traînés de camp en camp, aucun ne peut résister à la déshumanisation et à la déchéance, broyés qu'ils sont par des appareils d'Etat tout aussi mortifères les uns que les autres.
C'est d'ailleurs cela qui m'a le plus interpellée dans le roman, cette thèse selon laquelle les sociétés occidentales du 20ème siècle ont définitivement détruit l'homme au profit de la Technique et de la bureaucratie, entraînant l'humanité dans sa vingt-cinquième heure au-delà de laquelle plus rien ne peut plus être sauvé : le parallèle est trop évident avec notre environnement ultra-technologisé actuel pour ne pas pouvoir ne pas y être sensible.

En revanche, quelle déception d'apprendre après avoir refermé le livre que l'auteur aurait refusé de démentir ses positions antisémites pendant la guerre, amenant le philosophe Gabriel Marcel à faire retirer du livre la splendide préface qu'il avait signée dans l'édition d'origine que j'a eue en main, me donnant alors la sensation d'avoir sous les yeux un de ces grands romans politiques à la hauteur d'un "Vie et destin" ou de "1984".

La thèse politique est bien là; mais parce que précisément elle est politique, il est difficile de la dissocier de son auteur qui lui donne nécessairement une couleur, laquelle est à mon sens nécessairement ternie.
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