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Critique de hervethro


Moritz est un petit paysan Roumain dont la vie semble toute tracée. Amoureux de Suzanna, la fille d'un voisin mal embouché, il décide de partir une saison ou deux en Amérique puis revenir marier la belle, une fois fortune faite.
La veille du grand départ, il lui rend visite, mais le père acariâtre déjoue tous ses plans. Au passage, il tue sa femme et oblige les deux tourtereaux à se réfugier dans une annexe du presbytère. A partir de là, tout s'enchaine dans une formidable descente aux enfers.
Nous sommes au début du second conflit mondial. Par jalousie, un gendarme dénonce Moritz comme juif. le voilà embarqué dans un camp. Dont il s'échappe pour gagner la Hongrie voisine. Là, nouvelle méprise : il ne parle pas le yiddish dans le camp juif. Personne ne veut croire qu'il n'est pas juif. Il réussira toutefois à s'évader avec une bordée de compagnons qui auront vite fait de l'oublier.
Pendant ce temps la terrible machine administrative suit son cours : on demande à sa femme de divorcer si elle veut garder sa maison. Mis au courant de cette séparation forcé, il ira se marier avec une gentille servante allemande. Car Moritz a entrepris un périple qui va le mener dans une quarantaine de camps. Jusqu'à être fait prisonnier par les alliés libérateurs qui le considèrent comme un dangereux nazi.
Gheorghiu connait bien son affaire, puisqu'il a vécu toute cette période, le roman est paru en 1949 en France.
La thèse qui sous-tend tout le roman, érigée par le fils du pasteur dont Moritz est l'ami, veut que l'homme vit ses dernières heures, la vingt-cinquième étant celle où l'on ne peut plus rien faire, parce qu'il est trop tard, que la technologie et les hommes-machines ont remplacé tout sentiment humain.
Terrible réquisitoire contre cette administration toute puissante où l'individu est nié : les arrestations, tout comme les libérations éventuelles, ne se font pas au cas par cas, mais en fonction de groupes, de statistiques.
Ainsi tout le monde en prend pour son grade : les nazis, bien sûr, mais aussi les dangereux bolcheviques et jusqu'aux américains qui suivent la même procédure de déshumanisation.
Gheorghiu ne pouvait pas savoir à quel point il misait juste à l'époque.
Tout, dans notre monde contemporain, corrobore à ce que l'individu soit nié : plateforme téléphoniques, digicodes, remplacement des noms par des numéros, langage sms, guichets automatiques, caisses sans caissiers…
La vingt-cinquième heure se situe au centre de « si c'est un homme » de Primo Levi, du « zéro et l'infini » de Koestler et du « meilleur des mondes » d'Huxley ou « 1984 » d'Orwell.
Glaçant. Et terriblement d'actualité.
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