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Citations sur La musique à mains nues : Itinéraire passionné d'une femme .. (3)

Mozart reste le compositeur que j’aime le plus et que j’ai le plus dirigé. (…) J’ai essayé d’améliorer ma compréhension des livrets d’opéra, du lien profond qui unit la musique et le texte. En effet, la musique n’est pas redondante. Elle n’est jamais un pléonasme du texte, elle en est toujours un commentaire, elle en révèle une autre dimension. Chez Mozart cette relation est passionnante à étudier. On a souvent dit que ses livrets n’étaient pas très intéressants. Je ne suis pas du tout d’accord. (…) . Je ressens la musique de Mozart comme très charnelle et sensuelle mais pas directement, comme c’est le cas dans la musique romantique. La passion charnelle y reste sous-jacente, à fleur de peau. Il a compris que tout ce qui est secret est d’autant plus intense. Cette manière subtilement détournée d’exprimer les sentiments me convient très bien. Souvent l’art de la fausse situation permet d’accéder à la vérité des sentiments. (…) Ce que j’apprécie chez Mozart, c’est qu’on doit tous se plier au texte. Pour ce faire, il s’agit de trouver des chanteurs qui aiment cette discipline et aient le goût de la précision musicale. Ces chanteurs-là sont avant tout de grands musiciens. Dans le bel canto classique, au contraire, les chanteurs ont tendance à se servir du texte pour mettre en valeur leur organe. Disons que cela m’intéresse moins.
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Pendant les études, ce n’est pas désagréable pour un chef d’orchestre d’avoir dans la classe une jeune fille chef d’orchestre – ça l’amuse, ça lui fait plaisir, en plus il en est un peu amoureux -, la condition féminine n’est pas un désavantage. On est plutôt cajolée. Après, c’est une autre paire de manches. Les places sont chères et les hommes chefs d’orchestre vivent très mal l’arrivée d’une femme dans le métier. Au fond, cela remet des tas de choses en question pour eux. Je pense à cette sempiternelle question de la virilité. Si une femme est capable de faire ce qu’ils font face à l’orchestre, cela signifie qu’ils ne sont pas aussi puissants qu’ils l’imaginaient. Je me suis brutalement trouvée confrontée à ce problème. Paradoxalement, quand il y avait dans l’orchestre des instrumentistes femmes qui étaient aussi épouses de chefs d’orchestre, c’était elles les plus agressives à mon égard. Instinctivement, elles défendaient la virilité de leurs hommes…
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La petite fille que j’étais s’enfermait dans le silence. J’avais du mal à parler, à m’exprimer. En moi, quelque chose s’était clos. Ce blocage était lié à un minuscule événement, survenu quand j’avais quatre ans. À la réflexion, je ne crois pas qu’il fut anodin. En juillet, un soir de fête, j’étais allée me promener avec mon père dans les rues du Mans où nous habitions. Je me souviens de la chaleur, des odeurs, des bruits de la fête. J’entends encore le feu d’artifice. Je tenais mon père par la main. Sur le chemin du retour, nous avons croisé une dame très souriante avec laquelle Papa a échangé quelques mots. Aussitôt après, il m’a dit : « Ne dis pas à Maman que nous avons rencontré cette dame. »
En parlant, il me regardait droit dans les yeux, Je n’ai rien dit, bien sûr. Mais ce jour-là, ma parole s’est, d’une certaine façon, arrêtée. L’injonction de mon père a provoqué en moi une grande inquiétude, quelque chose de brutal que je ne comprenais pas. Le fait de parler devenait dangereux. Je subodorais la possibilité d’un cataclysme. Il fallait donc se taire. J’ai pris l’habitude de me réfugier dans le silence. Je pouvais rester de longs moments sans dire une parole. C’est bien plus tard, devenue adulte, que j’ai mesuré l’importance de cet épisode apparemment insignifiant. En fait, confusément, il a continué de m’habiter. Longtemps, je me suis sentie mal à l’aise à l’approche du 14 juillet et les soirs de feu d’artifice. « Ne le dis pas à ta maman… » Cela voulait dire : « Ne choisis pas le canal de la parole. » Avec le recul je crois que ma passion pour la musique s’est nourrie de cet empêchement brutal. Se taire, oui, mais peut-être pouvait-on parler d’une autre façon. Les notes pouvaient remplacer les mots. La musique était un langage qu’il suffisait d’apprendre et d’utiliser.
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