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Critique de KrisPy


L'art moderne conceptuel, digne rejeton du pop-art, connût une mini révolution fin des années 80, avec la création du YBA – Young British Artists -, un collectif d'étudiants beaux-arts de Londres. Damien Hirst en tête, célèbre pour sa vache coupée en deux, les YBA amenèrent une vision nouvelle de l'art, et modifièrent les codes du marché.
Et si Damien Hirst avait été soufflé par un certain Randall, encore plus provocateur, encore plus… British ! Entendre par là un sens inné du théâtrale, du surréalisme, de la mise en scène du mauvais goût poussé au rang d'Art.
C'est le postulat de départ de ce roman, servant de prétexte à un voyage mouvementé dans le milieu de l'art conceptuel et de son juteux business. On croisera des noms connus et reconnus du monde de l'art, et d'autres fictionnels, et tous se mêleront sans heurts, enfin, stylistiquement parlant…
Randall est un jeune étudiant en art qui se cherche. Un soir d'été 1989, à l'exposition de fin de cycle, il rencontre Vincent, jeune courtier de la City aux dents longues qui cherchent à se faire des amis artistes, « pour voir ce que ça fait »…
Ces deux-là s'entendent tout de suite, sentant confusément le potentiel à exploiter l'un chez l'autre.
Ce roman est le récit de leur amitié, plus ou moins intéressée, et de l'ascension de Randall dans ce monde du business de l'art contemporain, un milieu régit, bien qu'il s'en défende, par l'argent, le paraitre et les modes.
Vincent, son ami, son Pygmalion, son entremetteur, nous raconte la vie de ce grand type dont le génie consistait à trouver une idée de concept artistique le plus provocateur possible et à la faire fructifier.
Sa mort prématurée laisse un orphelin et une veuve, Justine, qui fut d'abord la petite amie de Vincent avant de devenir la femme de Randall… Et lui qui ne détestait rien autant que l'art académique, laisse aussi derrière lui une incroyable production de tableaux figuratifs, cadeau empoisonné, car ces peintures représentent les personnalités du monde de l'art dans des positions pour le moins délicates, pour ne pas dire pornographiques, juste un exemple, mon préféré : Jeff Koons « faisant des choses » avec son double…
Je remercie Babelio, Masse critique et les éditions Buchet-Chastel pour ce roman jubilatoire autour de l'art contemporain.
Un très bon moment de lecture, beaucoup de finesse et d'humour dans le style fluide de Jonathan Gibbs, et une très bonne traduction aussi, de Stéphane Roques. Les descriptions d'oeuvres sont également un vrai régal, on se les imagine aisément, et certaines m'ont rappelée des artistes existants tels que Choi Xooang et ses sculptures hybrides étranges, ou encore les hyperréalistes et surréalistes sculptures en silicone et résine de Ron Mueck ou Patricia Piccini. Ils étaient ma référence pour me représenter les sculptures de l'expo imaginaire « Anti-mignon »… de fait, j'ai également appris plein de choses, enrichi ma culture artistique, pour mon plus grand plaisir, car je collectionne les photos d'oeuvres d'art, à défaut de pouvoir me payer une vraie oeuvre. Oui, plus j'y pense, et plus je me dis que ce livre vaut vraiment le détour pour tout amateur d'art. Et pour les autres aussi !
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