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Critique de Sharon


Isabelle paraît de premier abord un roman au charme désuet. Avec lui, je me suis retrouvée dans au château de Dominique de Fromentin ou du grand Meaulnes d'Alain-Fournier. Je retrouvais la vie à la campagne, dans un monde coupé de la société, où les saisons rythment encore la vie.
Après le prologue qui les mène dans une demeure à l'abandon, le narrateur laisse la parole à son ami Gérard, qui nous entraîne dans le passé des lieux qu'ils visitent. La vie semblait s'y être arrêtée avant la Révolution Française. Des hobereaux, les Saint-Auréol, et de riches bourgeois, reçoivent un jeune visiteur (le narrateur) venu compléter sa thèse sur les sermons de Bossuet. Ni le curé de campagne promu percepteur du petit Saint-Auréol, infirme, ni Gratien le dévoué serviteur ne manquent à l'appel. le récit n'a beau s'étendre que sur deux jours, il donne l'impression que le temps s'écoule très lentement, en dépit des recherches, distillant l'ennui de journées toujours semblables.
Puis survient la péripétie romantique entre toute : le narrateur s'éprend du portrait de la fille de ses hôtes. le privilège d'André Gide est alors de détourner tous les codes que je connaissais. Non, nous ne sommes pas dans un conte fantastique de Théophile Gautier, dans lequel le héros s'éprend d'une héroïne pure et innocente, hélas décédée. Nous ne lisons pas non plus un récit romantique, dans lequel l'héroïne se montre à la hauteur des aspirations exaltées de son aimé. André Gide écrit un roman cruellement moderne, et Gérard verra ses rêves romantiques se briser au contact de la réalité. le romantisme est mort, et c'est avec lucidité qu'il découvre la véritable Isabelle de Saint-Auréol. Décrire ses défauts est vain. Elle joue un personnage dans une sinistre comédie, toujours recommencée, celle de la jeune fille abandonnée, de la mère sacrifiée, et tant pis si ses actes démentent ses paroles puisque les autres habitants du château participent à cette comédie. Casimir, l'enfant délaissé, et Gratien, le fidèle serviteur, échappent seuls à cette hypocrisie et en ont payé le prix.
Que dire de la langue ? Elle est fine et précise, sans fioritures inutiles. En 148 pages, André Gide nous raconte comment un jeune étudiant est devenu un homme.
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