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Critique de Nastie92


Deux livres en un dans ce recueil. Outre le récit qui lui donne son titre, on y trouve également "L'affaire Redureau".
Cette dernière histoire constitue selon Gide le premier volume d'une collection appelée "Ne jugez pas" et regroupant des affaires "non nécessairement criminelles, dont les motifs restent mystérieux, échappent aux règles de la psychologie traditionnelle, et déconcertent la justice humaine..."
En fait de collection, il y aura en tout et pour tout trois titres, le plus célèbre d'entre eux étant La séquestrée de Poitiers.
La séquestrée de Poitiers, c'est Blanche Monnier, qui a vécu enfermée dans une chambre de la maison de sa mère pendant vingt-cinq ans. Oui, vingt-ans !
Outre sa mère, son frère était au courant de la situation, ainsi que quelques personnes au service de la maîtresse de maison.
Et en vingt-cinq ans, personne n'a jugé bon de / n'a eu le courage de / n'a voulu dénoncer ce qui se passait et mettre fin au supplice de la malheureuse.
Lorsque Blanche Monnier fut enfin libérée, sa mère et son frère furent arrêtés, et un procès s'ensuivit ; c'est ce qu'André Gide a choisi de nous relater.
Les noms ont été changés, Blanche Monnier devenant Mélanie Bastian, mais à part cela, l'auteur n'invente rien, sa chronique étant en grande partie constituée de témoignages, d'extraits de rapports médicaux et du jugement du tribunal.
C'est froid, c'est clinique. Les faits purs et bruts.
Certaines descriptions donnent des haut-le-coeur, en particulier celle de la découverte de la recluse. La saleté dans laquelle elle était forcée de vivre est inimaginable.
Je suis restée sur ma faim. Non pas en ce qui concerne les images épouvantables, qu'André Gide nous sert abondamment, mais j'aurais aimé qu'après le volet judiciaire, l'auteur nous parle de la suite.
Qu'est-il arrivé à Blanche/Mélanie après ?
Si l'on imagine aisément les traces physiques et psychologiques que peuvent laisser tant d'années de réclusion, si l'on suit l'arrivée de la victime à l'hôpital et les premiers temps de son séjour, on ne sait absolument rien de ce qu'elle a vécu ensuite. Et ça m'a manqué, parce qu'après la lecture de tant d'horreurs, j'avais besoin de lire quelque chose d'humain.
Pas nécessairement enjolivé, pas de happy end forcé, non. Mais après ce que "la séquestrée de Poitiers" a vécu, j'aurais voulu savoir qu'elle avait bénéficié d'un peu de compassion, qu'elle avait connu un peu d'humanité, qu'elle avait été prise en charge par des personnes bienveillantes.
Au moins un petit peu...
Ce récit, qui fait froid dans le dos et soulève le coeur, m'a un peu déçue par sa froideur et son manque de point de vue humain.
La seconde histoire ne m'a pas vraiment plus convaincue.
L'auteur ne prend pas partie. Comme l'indique le titre choisi pour la collection, il ne juge pas. Il écrit seulement une chronique judiciaire, c'est son choix.
Mais moi, lectrice, j'aurais voulu trouver autre chose dans ces textes.
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