Pour ceux qui voudront essayer de comprendre qui était véritablement
Oscar Wilde; brillant parleur, d'abord porté et adulé par une société qui finira par le détruire.
Mon avis :
Dans ce texte court,
André Gide met sa plume au service d'un portrait rapide et sincère, centré sur ses rencontres avec Wilde. Il met en retrait, autant que possible, son opinion de l'homme et de son oeuvre, admet seulement, au détour d'une phrase, avoir eu honte de s'assoir près de lui à son retour sur Paris, quand Wilde, dans une dernière tentative d'élan vers la société qu'il a longtemps fréquentée, l'invite à boire un verre à la terrasse d'un café.
Il y a ce rythme, cette apparente facilité à parler de cet homme qui fut l'un des plus grands écrivains du XXème siècle, qui laisse au lecteur, qu'il connaisse ou non les écrits plus personnels
De Wilde, le soin d'imaginer le sens caché des contes que l'écrivain enchaîne en public, car, répète
Gide, il était bien meilleur orateur qu'il n'était écrivain.
Gide parle peu des relations
De Wilde, même des plus influentes (on reconnaîtra Alfred Douglas derrière des initiales), peut-être pour concentrer son intérêt sur un Wilde plus intime. On distingue ainsi, dans ses paroles retranscrites, un avant et un après la prison.
On accède, trop succinctement, à la vision la plus générale de l'artiste -ses contes, qu'il enchaîne en public, et à celle de l'homme d'une intelligence prodigieuse, que
Gide trouva sûrement, un jour, beaucoup trop étouffante.
Le texte trouve son intérêt premier dans la retranscription des paroles
De Wilde. On se prend à l'imaginer dans les salons anglais, serré dans cette aura que tous s'accordaient à lui voir, passant d'un esprit à l'autre pour faire briller le sien. Et on l'imagine enfin, dans sa chambre d'hôtel, après le bagne, parler de pitié, et de pièces qu'il n'écrira jamais.
A Gide venu le visiter à Berneval après sa sortie de prison, il dira :
"
Les Nourritures terrestres, c'est bien, c'est très bien … Mais dear, promettez-moi : maintenant n'écrivez plus jamais je."
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