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Critique de Bobby_The_Rasta_Lama


"-Mejda a un chien ? a-t-elle demandé.
- Non, ai-je répondu
-Mais... ces couvertures, ça sert à quoi ?
J'ai gardé le silence et je sais qu'elle a lu la réponse dans mes yeux."

Plutôt que de me lancer tête la première dans cette chronique, je suis en train de remuer le marc de mon café en pensant à d'autres choses. Aux esclaves, par exemple. Peut-être que je me trompe, mais j'ai l'impression que même les esclaves de l'antiquité ou les esclaves sur les plantations de coton avaient au moins un semblant d'identité, un semblant de communauté, et peut-être aussi une vision de la liberté de l'autre côté du Jordan/Ohio pour maintenir leur foi.
Car l'esclavage, même si c'est difficile à admettre, était alors une réalité que personne n'a essayé de dissimuler. Une réalité à abolir. C'est fait depuis 1865.
Alors, quoi penser de l'esclavage moderne, de ces horreurs qui "n'existent pas", parce qu'ils se passent à huis-clos ? Où peuvent s'échapper ces esclaves-là, n'ayant aucun Jordan à traverser ? Combien ils sont, et où, ces gens sans identité, ces travailleurs sans salaire, qui servent occasionnellement de défouloir, quand leur "maître" est de la mauvaise humeur ?
Comment ils se sont retrouvés là, et pourquoi ?

Quand une crève vous terrasse, vous avez mal partout, et votre cerveau refuse de lire une ligne de plus sur l'histoire de la linguistique comparée, voici "Giebel-time" !
"Toutes blessent, la dernière tue". Un thriller au thème actuel, mais avant tout, un Thriller avec un grand T. Goutte à goutte, minute par minute... jusqu'au bout. Après quelques premières pages en compagnie de Tama, vous cessez de vous apitoyer sur vous-même et sur votre gorge qui gratte. Et en être humain normalement constitué qui adore les histoires sur le malheur des autres, vous devenez de plus en plus fasciné par tant de cruauté.

Tama la Marocaine. Vendue à huit ans par son père, elle ne va jamais aller à l'école en France, comme elle a cru au début. Pendant huit ans encore, elle sera ballottée d'un "maître" à l'autre, et subir le pire. Elle va rencontrer Mejda, sa Némésis, mais aussi Marguerite, qui va lui montrer que la bonté existe. Et Izri, son ange noir... son amour.
Voyez-vous, je n'aurais jamais pensé d'être à fond dans une histoire d'amour, surtout dans un thriller aussi atroce... Je ne sais pas comment elle a fait, la Giebel, mais elle m'a encore eue ! Ses personnages ont tous une sorte de subtilité; leurs raisons pour agir comme ils agissent. Même Mejda, peut-on vraiment lui en vouloir, après ce qu'elle a vécu ? Connaissez-vous "Killing Strangers", la chanson de Manson ? Eh bien, ce livre me fait penser un peu à ça...

Tama, Izri, Tayri et Gabriel. Les destins qui se croisent, les gens qui cherchent tous une sorte d'absolution.
Et votre estomac se serre quand vous arrivez au happy-end, et il vous reste encore trente pages à lire...
Karine Giebel, reine cruelle de thriller, je te hais !
Mais pour les même raisons que je te hais, je vais continuer à te lire. Alors à bientôt, le temps que je me remette de celui-là.
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