Guitry l'envoyait voir les pièces des autres ; lui ne pouvait pas les voir : il jouait. C'est ainsi qu'elle lui avait récité par cœur le premier acte de Fric-Frac9, en ne l'ayant vu qu'une seule fois ! Quelle mémoire prodigieuse ! […] Pauline Carton, en plus de sa mémoire d'éléphant, avait un esprit rare. Sacha l'employait aussi pour préparer sa documentation à la Bibliothèque nationale. À l'occasion, il la chargeait de missions de confiance. Ensuite, point par point, elle lui faisait son compte rendu détaillé ! C'est ainsi que Sacha recrutait les acteurs et se tenait au courant de tout. J'ajoute au sujet de Pauline qu'elle était d'un niveau supérieur, tant au niveau culturel qu'intellectuel. Trop souvent, elle était cantonnée dans les rôles de bonnes : peut-être avait-elle l'âme d'un premier rôle, sans en avoir malgré tout le physique.
"Gaulliste ?..." m'avait-on demandé un jour. J'aurais pu répondre : "Peut-être", "Sans doute", "Oui, mais..." : rien de très heureux. J'ai dit simplement : "Non. Gauloise."
J'ai passé ma vie à regarder autour de moi. Les solitaires sont des contemplatifs.(...)
La méchanceté des autres, je m'en balance.
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- Comment était Berry dans la vie?
- Il jouait banco. Il aimait le jeu, quelquefois même il perdait beaucoup, parfois tout. Il adorait le risque.
Oui. Je joue cartes sur table. A force de combiner, d'inventer des mensonges, on ale visage qui se déforme. La franchise, elle, n'enlaidit pas. Ceux qui combinent ont tôt ou tard la gueule de traviole...
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On peut dire d'une femme qu'elle est belle. On peut même le répéter toute une soirée - mais aussi penser : "Elle en tient une sacrée couche !"
Ceux qui combinent ont tôt ou tard la gueule de travers...