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Critique de Chouchane


Les Bastides Blanches se sont quatre maisons entre les collines et 12 personnes enfin 13 avec Gagou, un simple d'esprit, « qui fait le mauvais compte ». Dès le début et malgré le soleil et l'eau de la source qui coule « si douce aux langues et aux poils » Giono évoque la mort. Au lavoir, on rince le linge dans un sarcophage et le creux du cadavre est rempli d'une eau verte... Les bords de ce lourd tombeau sont ornés de femmes qui se flagellent. Chez Giono la nature est un être à part entière qu'il appartient à chacun de comprendre.
Quand Janet, le plus vieux du village, (sans doute saisi par un AVC) se trouve cloué au lit et se met à délirer chacun croit entendre des prémonitions, faut dire que dans un même temps l'eau de la source se tarit, un feu vient dévorer les forêts alentours. La soif et la peur vont prendre en otage le petit groupe qui voit en Janet un homme possédé par la malveillance au crépuscule de sa vie. Les hallucinations collectives vont les mener à voir un chat noir marcher sur ses deux pattes arrières. A travers Colline, on redécouvre un monde paysan primitif traversé de superstitions et de craintes face à une nature puissante à laquelle ils sont intrinsèquement liés.
Jaume, un des villageois, va voir le vieux pour lui demander comment exorciser les malheurs qui touchent la petite communauté, Janet lui répond en le renvoyant à l'ignorance des hommes face au monde « tu veux savoir ce qu'il faut faire et ne connais pas seulement le monde où tu vis ». Janet encore vivant dans son lit est pourtant immobile comme la pierre, sec comme le bois. Il dit ce que les autres ne peuvent entendre, il parle avec la voix de la colline. La peur de la terre saisit les hommes. Ils voient la colline bouger. Pour retrouver la cohésion de la communauté, une mort sera nécessaire. Au début, on lave dans un sarcophage, à la fin c'est le sang qui vient laver cette communauté de la peur et de la haine. L'existence pourra reprendre son cours.
Giono nous donne à entendre une langue à la fois première et d'une intense poésie, il nous force à faire un retour dans un passé profond, un temps où il « y avait un bois, et pas encore le bruit de la hache (…) comme dans les premier jours du monde quand on n'avait pas coupé la première branche ».
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