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Critique de TerrainsVagues


« Pour le moment, personne ne s'occupe de moi. Yeux écarquillés, bouche ouverte, je reste étendu sur le sol, face à la mer. Je suis là depuis longtemps, depuis des heures, depuis une éternité » p.13

« Je n'ai pas la moindre idée de ce qu'ils ont pu devenir, tous et chacun. Les autres, ceux que je n'ai pas vu couler à pic comme des pierres. Je ne sais rien. Je ne sais toujours rien, et personne ne vient. Je suis allongé face à la mer. J'assiste au dépeçage de la nuit, sous les couteaux habiles de l'aube. La lumière croît en moi, je décrois. Les forces du jour vont bientôt envahir toute la baie. Chaque rocher décantera les veines colorées de son anatomie. Les crabes et les bernard-l'hermite vont ressortir du sable, les algues vont se déposer un peu partout et une odeur d'iode et de poisson finira par chasser le vent monotone de la nuit. » p.235

Entre ces deux citations, un livre, une vie. La nuit nous serons semblables à nous-mêmes. Semblables à ce que nous sommes derrière les apparats du jour.
Semblables aussi devant les peurs, les espoirs. Semblables devant la solitude, devant la mort.
La nuit nous serons semblables à nous-mêmes, c'est l'histoire de l'humanité. Une goutte de plus qui vient gonfler la crainte de l'autre, cette inquiétude en crue depuis si longtemps.
La nuit nous serons semblables à nous-mêmes, c'est l'histoire d'un exil, c'est l'histoire de l'Homme qui a toujours migré dans l'espoir d'une vie meilleure.
La nuit nous serons semblables à nous-mêmes, c'est un dommage collatéral de nos modes de vie, un chiffre dans les journaux, une image furtive noyée dans les flots d'informations anxiogènes ou aliénantes de la télévision, une statistique.
La nuit nous serons semblables à nous-mêmes, c'est Adèm, jeune garçon ayant fuit son pays. C'est la vie qui se fait funambule, le sort qui hésite entre nouveau souffle et dernier soupir. C'est un naufrage parmi d'autres, un corps rendu par la mer, échoué sur une terre promise. C'est un jeune homme qui passe en revue sa courte vie pour ne pas se laisser aller à dormir, pour ne pas se laisser aller à mourir. Les moments doux alternent avec les raisons de l'exil. Les moments fous succèdent au long périple ayant laissé Adèm sur une plage de galets hostiles. Chaque pensée est une lutte, une esquisse de survie.

Premier roman d'Alain Giorgetti, ne comptez pas sur moi pour vous parler de sa qualité littéraire car je n'ai aucune compétence pour ça. Par contre pour ce qui est du ressenti nous sommes tous égaux et je me permettrai donc une remarque sur un point qui m'a gêné au début. Dans de nombreux chapitres, nous passons sans transition aucune de la vie insouciante et belle de la petite enfance d'Adèm et de sa soeur à la nuit angoissante et la douloureuse attente d'un secours éventuel sur la plage.
Un simple retour à la ligne, est à mon avis, insuffisant pour marquer la rupture. J'ai parfois du reprendre ma page pour avoir une lecture plus fluide.
Sinon, quelques jolis moments de poésie sont parsemés par l'auteur dans ce monde de brutes chaque jour un peu plus d'actualité.

Une lecture à mettre entre toutes les mains car pour chacun de nous, un jour ou l'autre nous aurons une nuit où nous serons semblables à nous-mêmes…

Merci à frconstant pour la piste de lecture.
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