… Placé en bout de table, le doyen regarde avec bienveillance et orgueil les membres de sa famille Aucun lien du sang ne les lie, mais leur union repose sur quelque chose de plus fort encore. Les artistes de la troupe n’ont pas de secret pour Emile…
... En lisant ces mots, Rosy sent ses joues et son coeur se réchauffer. Sa dévotion repart pour un tour. Serge a pensé à elle pour la fête des amoureux ! Dans des occasions comme celle-là, il prouve bien que c'est elle qu'il préfère...
Rosy sent le ciel lui tomber sur la tête. Elle n'arrive plus à supporter la surréalité de cette journée qui ne fait que croître avec les minutes.
La femme qui lui a volé son histoire, son existence. Rosy se dit que c'est elle qui devrait être à sa place, assise dans ce fauteuil.
Pourquoi ne parvenait-elle pas à aimer la chair de sa chair, ni même à la sentir sienne ? Est-ce que quelque chose n'allait pas chez elle ? Quelque chose de grave ?
L'ordre pouvait naître du chaos, avait-elle pensé. Dominique s'était ainsi dit qu'elle pourrait survivre au choc, apprivoiser ce corps réajusté qui était maintenant le sien.
Lorsque Serge met de la distance entre eux, Rosy se sent telle une enfant perdue. Cet homme est son pilier, le mur porteur sur lequel repose sa vie, le socle autour duquel elle a construit son existence. Le centre de son univers.
Toujours complimenter les bêtes, répète-il-souvent à Adrien. Et les considérer comme des égaux ; sans eux, rien ne serait possible.
Chaque demeure qu'elle nettoie devient un nouveau nid qu'elle a construit avec Serge (...) Et quand s'échiner ne suffit plus à faire taire son cœur et son cerveau, Rosy serre les dents et se répète, comme un mantra, qu'un jour, Serge quittera sa femme et que cette vie imaginée sera la sienne.