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Critique de jg69


jg69
19 septembre 2021
Les parents d'Alice ont divorcé lorsqu'elle avait cinq ans. A partir de cette période, ballotée entre ses deux familles, la petite fille a du mal à trouver sa place. Elle se sent de trop chez son père auprès d'une belle-mère qui la hait car elle lui rappelle sa rivale que son mari n'a jamais pu oublier. Alice doit subir ses piques assassines, insultes, vexations et humiliations. Son père ne lui est d'aucune aide, il préfère fuir dans le bricolage... " ta présence est comme un coup de couteau qu'à chaque instant il esquive " Chez eux il est interdit de parler de sa mère, ses parents ont pour seul lien le versement de la pension alimentaire.

Chez sa mère, elle doit faire face à la violence et la grossièreté de son beau-père souvent sous l'emprise de l'alcool, un homme qu'elle hait... Voilà une enfant, ballottée entre une belle-mère jalouse et un beau-père brutal, qui subit des violences au quotidien.

La construction choisie par l'auteure est très réussie. Dans ce roman constitué de scénettes qui commencent par "tu as cinq ans... tu as seize ans..." on découvre dans un ordre non chronologique les souvenirs d'Alice chez sa mère, chez son père, chez ses grands parents, en vacances... La force du "tu" contribue à la force du texte. Alice dévoile une vie de solitude, d'ennui et de souffrance avec pour seules percées de lumière ses relations avec ses demi-frères, Luc qui la protège, Tom Pouce qu'elle adore et ses moments de complicité avec ses amis à l'école et en vacances. Alice refoule sa colère mais la retourne souvent contre elle, elle n'a qu'elle comme arme contre ses proches et contre elle-même. Elle éprouve une angoisse qui la dévore, une sensation de vide qu'il lui faut sans cesse combler au-delà de la nausée "Colère au bord des lèvres. En permanence. Colère au fond du ventre aussi... Elle a toujours terrassé sa propre souffrance en la pulvérisant sous la colère."
Elle fait toujours bonne figure et porte un masque "tu sais que personne ne décèle jamais le froissé sous le lisse, le figé, le sans-souffle, sous l'apparente mobilité de la joie. Fêlures sous-jacentes qui creusent un sillon toujours plus profond vers l'intérieur." Elle se veut solide et dure "Même pas mal..."
La lecture est un refuge pour elle, "Lire, lire, lire, lire pour emboîter tes émotions dans celles des autres. Pour vibrer d'une douleur qui ne soit pas tienne", elle se jettera à corps perdu dans le travail quand elle intègrera hypokhâgne, travaillera pour ne plus ressentir cette pierre au creux du ventre, hantée par le poids du secret qui l'habite.
Un roman qui se lit d'une traite, le coeur serré, plein d'empathie pour Alice. le style est fluide et vivant sans aucune longueur. Les sentiments sont décryptés avec minutie et le dénouement est très réussi mais c'est le mode de narration qui donne toute sa force à ce texte. Une primo-romancière très prometteuse.


Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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