Citations sur La ballade silencieuse de Jackson C. Franck (7)
Il lui joue un autre blues dont il a retrouvé le thème principal. Ils parlent d’Indiens aussi. C’est bien mon gars. On sent la musique. Elvis fait quelques pas de danse, bouge ses hanches qui ont l’air si souples, ses jambes toniques, sous les yeux envieux de Jackson. Il donnerait presque des cours de danse à Jackson s’il n’avait un sursaut. Dans sa tête, Le gars boîte non ? Il se raidit vite, ralentit sa danse pour s’immobiliser tout à fait.
Il veut surtout la compagnie des lacs, ce calme à toute épreuve, ces odeurs qui fermentent, cette impression de renoncement du lac, ce vieillissement tranquille.
Selon lui, Jackson ne rate pas vraiment son disque mais ne le réussit pas ; il aurait été peut-être plus intéressant qu'il le rate complètement pour lui donner une couleur particulière [...].
Autant ne rien faire que rater.
Il dit les routes et pas ce qui mène aux routes que l'on ne voit pas.
Sur l'eau, tout s'allonge. On a l'impression d'être capable d'englober d'un seul coup d’œil ce qui nous aurait demandé plusieurs mouvements des yeux, on étire le regard pour rendre toute chose horizontale. Et de toute façon, si on ne le fait pas, c'est le paysage qui décide, étire alors le regard à sa manière. Rien ne vient rompre l'horizon, pas de maisons, de meules de foins pour ponctuer cette grande nappe bleue.
Plus tôt, vers 8 heures, la nuit ne cédant pas encore tout à fait, Jackson marche sous un ciel sale, un gris louche, à peine quelques reflets foncés et plus clairs emmêlés. Du plus loin qu'il puisse regarder, il ne voit qu'un seul gros nuage lourd comme du plomb qui couvre de toute son étendue l'obscurité, mettant du sombre au sombre.