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Critique de TerrainsVagues


Bernard,

J'ai tenu comme j'ai pu depuis un peu plus d'un an et demi mais j'ai craqué. Tu sais à quel point j'ai repoussé le moment de t'écrire à nouveau, juste pour savoir que j'avais un dernier rendez-vous, un jour, avec ta plume. Comme pour me rassurer, comme pour avoir un peu d'air en réserve, en cas d'urgence. Chaque livre terminé, depuis la lecture du fabuleux « Cher Amour », a été une invitation à ouvrir « Les Dames de Nage », invitation de plus en plus difficile à refuser. Après quelques lectures estivales plus ou moins difficiles car sans grand intérêt pour moi, j'ai eu besoin. Un besoin errant dans les faubourgs du vital. Besoin de ressenti, besoin de mots qui vivent l'émotion. Forcément je me suis tourné vers toi, c'était le moment.
En tournant la dernière page j'ai eu un sentiment étrange, un bref instant, le regard fixé sur l'horizon que les vagues faisaient trembler. Un sentiment oscillant entre tristesse et bien être. L'océan a vite effacé le blues d'en avoir terminé avec tes mots en me rappelant que je resterai imprégné de ceux là comme de ceux de « Cher amour ». Tiens, moi qui n'ai rien mis sur babel, ils vont être mon île déserte parce que, je sais que je me répète, rares sont les écritures qui me touchent comme la tienne. C'est bizarre d'être si différent de toi et de me sentir si proche coté « sensibilité ».
Je suis un peu comme ton ami Roland du « Marin à l'Ancre », je profite de tes voyages, je les vis sans bouger en me disant que j'aurais eu tes mots si j'avais été à ta place, que je j'aurais vécu l'émotion de la même façon, que j'aurais témoigné de la poésie d'une rencontre, d'un instant, d'un lieu, j'aurais caressé de ma plume les doutes, les espoirs, la joie, la douleur, la peur, enfin j'aurais aimé faire ça à ta manière.
Encore une fois je me suis rempli de cette poésie qui transpire de chacun de tes mots déposés sur la page. Une poésie crue qui fera fuir quelques grenouilles de bénitier, alternant avec une poésie d'une douceur extrême où l'instant semble se figer, où l'espace d'une seconde les coeurs s'effleurent tout en retenue. Les peaux se frôlent, se donnent, se fuient. Quant aux âmes elles ne peuvent que se perdre dans la violence des sentiments. Fuir le bonheur avant qu'il ne se sauve, comme le faisait magnifiquement dire Gainsbourg à sa Jeanne, ou courir après lui à travers le monde comme on court après des chimères, quelle différence au final ?
A travers tes voyages, tes rencontres, tu as filmé la vie, tu as couché tes émotions sur la pellicule. le support était trop étroit, trop impersonnel peut être, alors tu les as ancrées à tout jamais dans les plis du papier, ceux qui laissent la possibilité au lecteur de ressentir selon ce qu'ils sont. L'image impose alors que le livre propose. Quoi qu'il en soit Bernard, les portraits tracés dans ces dames de nage sont juste terriblement touchants dans des genres différents. Des femmes, des amis, des lieux, des rencontres. Je ne peux m'empêcher d'en ressortir deux.
Marguerite, tu sais qu'elle m'a nouée la gorge la mamie. Derrière les murs… ou les fenêtres. Tu as été un rayon de soleil pour elle. Tu as su… après
Et puis forcément Marco… Marcia… juste désarmant. Là je t'avoue que ce n'est pas que la gorge qui était nouée. J'ai vu le sillon laissé sur sa joue, sur son coeur, par une perle de rosée de l'âme. Une perle tombée lourdement d'un cil. Un sillon creusé depuis l'enfance, depuis la marine jusqu'au coup fatal porté par une mère qui… bref. L'espoir fusillé au petit matin, à l'aube d'une nouvelle vie. Il y a des rosées plus vivifiantes…
Il me semble bien que l'espace de quelques pages j'ai du résister pour ne pas suivre le sillage d'une de ces perles. Je ne sais plus si j'ai réussi…
Bernard, dans ces portraits que tu traces, il y a de la sanguine, du fusain, du noir et blanc, du vrai, du beau jusque dans l'intolérable (Juan), jusque dans la détresse. de l'humain tout simplement, ce qui malheureusement tendrait à se perdre proportionnellement à la misère du monde qui augmente, mais c'est un autre sujet…
Et puis bien sur tes « t'aime » favoris que sont les femmes et les amis, Amélie, Jo Camille, Ysé, Michel, Diego. Que dire si ce n'est que j'aime leurs authenticités, leurs failles, leurs forces, vos moments partagés. Des gens pas ordinaires dans tous les cas. C'est peut être pour ça que tu ne plais pas à tout le monde, juste parce que comme disait l'autre, les braves gens n'aiment pas que l'on suive une autre route qu'eux. de toutes façons, les braves gens on les « emmerde ».

J'aurais trop de choses à te dire ou plutôt à t'écrire, c'est tellement plus facile, mais ça va faire long. J'essaierai de ruser pour te faire parvenir un nouveau courrier ici parce que c'est la seule adresse que je connaisse pour te trouver. Celle que m'ont donné les vrp du bien et du mal, de la morale et de la peur, je n'ai pas l'impression que je t'y trouverai, question de ressenti, rien de plus, comme pour un bouquin.
Merci pour ces lectures et à bientôt ici… parce qu'ailleurs ou pas, il n'y a aucune urgence de mon coté.
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