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Citations sur Cardinal Song (3)

P.141
Les cailloux blancs et la cellophane d’un paquet de clopes craquent sous la pression de sa carte de crédit. En deux secondes, le petit tas de poudre blanche a pris la forme de deux épaisses lignes. Norman appelle ça du braille pour narines. Il me jette un coup d’oeil.
— T’es sûr ? T’en veux pas ?
— Non, non, ça va.
— Ou je t’en fais juste une, alors ?
— Ouais, tu m’en fais une. Juste une seule.
Ma phrase le fait rire.
— Quoi, tu ne me crois pas ? Une seule, ça me suffira, je te
dis.
— Non, non. Faut toujours en prendre deux. C’est plus
prudent.
— Tu trouves ça prudent, toi, de prendre de la coke par
quarante degrés après avoir passé deux jours à picoler ?
— C’est ce qu’on lit sur les autoroutes françaises, sur la
bande d’arrêt d’urgence. Tu sais ? Pour les distances entre
deux voitures. Un trait : danger. Deux traits : sécurité. Alors
soyons de bons citoyens et respectons le Code de la route.
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P.60
Ce fut à l’écoute de ses longs silences que je sus qu’elle
m’appelait de Tunis. J’entendais au travers du combiné la
mer, le vent siffler, remonter de la falaise et couvrir la voix
de Marie. Elle s’arrêtait au milieu de ses phrases, la respiration
coupée, comme asphyxiée par les milliards de particules
de la nuit. J’ai regardé l’heure. Quatre heures trente-trois.
Vingt-deux heures trente-trois en Tunisie. La conversation était confuse. Marie butait sur les mots et rarement je l’avais entendue bégayer ainsi, rejeter de sa gorge autant de désordre, serrant les poings sur chacune de ses phrases, sa
mâchoire tendue, raide, tremblotante, je la sentais vaciller,
ne sachant plus quoi faire d’elle-même, seule sur la promenade
de La Marsa, seule face à la masse sombre de la mer,
ses hanches appuyées au garde-corps de la corniche, le dos
courbé.
— Pourquoi es-tu à Tunis, Marie ?
— Je reviens. Je reviens.
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P.195
J’étais dans le jardin de notre maison, c’était un matin d’octobre,
un ciel de plomb qui attendait le soir pour se déchirer
d’automne. Je refaisais les volets et tu n’appelais
plus. Tu avais acheté une bouteille de Bombay Sapphire, tes yeux brillaient sous l’emprise des phares passant sur North Indian Canyon
Drive, des sécrétions salées perlaient sur tes joues. De retour
dans la chambre du motel, tu buvais glacé. Le goût du kérosène
au fond de ta gorge, tu respirais à la paille sur un coin
de table, tu soufflais les métaux lourds des Marlboro rouges.
Bientôt, comme tu rassemblais tes affaires en vitesse, faisais
ton sac, quittais la chambre, redémarrais, tu ne sentais plus
tes nerfs. C’était presque beau, te disais-tu, de voir comme ils
pouvaient se passer de toi. Et tandis que tu conduisais direction
Vegas pour retrouver ton père, je me souviens d’avoir un
instant espéré que lui aussi était mort.
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