Citations sur Girl in pieces (70)
Linus m’avait dit : « Ma vie est comme une série d’intervalles de dix minutes parfois. Et j’ai envie de me donner une putain de médaille pour avoir tenu une heure sans boire, mais c’est comme ça que ça doit être. Attendre que ça passe. »
Je referme le tiroir d’un coup sec. Je dois me forcer à attendre, malgré l’orage à l’intérieur de moi, attendre par intervalles de dix minutes, de cinq minutes, le temps qu’il faudra, toujours, maintenant et à jamais.
« Je pense que tout le monde en passe par là, ce moment où quelque chose de si… déterminant se produit qu’il déchire votre être en petits morceaux. Alors vous devez vous arrêter. Pendant un long moment, vous tentez de rassembler les morceaux. Et ça prend énormément de temps, pas pour les remettre ensemble, mais pour les assembler différemment, pas nécessairement mieux d’ailleurs. Plutôt d’une façon qui vous permette de vivre avec, jusqu’à ce que vous soyez certain que cette pièce doit aller ici, et l’autre là.
Je suis fatiguée d’être ivre et désespérée. Je suis fatiguée et en colère contre moi. Pour être devenue de plus en plus petite dans l’espoir qu’il me remarque davantage. Mais comment quelqu’un peut te remarquer si tu rétrécis continuellement ?
Aller de l’avant. Continuer à avancer. Je suis fatiguée que tout le monde pense que c’est facile de vivre. Parce que ça ne l’est pas. Pas du tout.
J’aime cette maison, et j’aime y penser ; cette femme étrange, l’aspect sauvage et ordonné de son jardin, et je veux savoir comment y arriver, comment avoir un petit coin à soi sur la terre, une petite maison à peindre à l’intérieur et à l’extérieur, un jardin à remplir et à façonner, comment me sentir à l’aise dans l’espace qui m’entoure.
Ce que je veux lui dire, c’est : Un jour, tu es parti, et regarde ce qui s’est passé, et maintenant tu repars, et j’ai peur, parce que je ne sais pas comment être avec les gens, mais je ne sais pas non plus comment être seule, et je pensais que je ne serais plus jamais seule ici.
Il n’y a rien qui cloche chez toi, Charlie. Pas une seule chose. Tu ne le vois donc pas ? »
Mais c’est un mensonge, n’est-ce pas ? Parce qu’il y a tellement de choses qui clochent chez moi ; c’est évident. Ce que je veux que Mikey dise, c’est : il y a tellement de choses qui clochent chez toi mais ça n’a pas d’importance.
Parce que le dessin, ce sont mes mots, ce sont les choses que je ne peux pas dire. Et je me lâche, en racontant avec des images l’histoire d’une fille qui pensait qu’un garçon l’aimait, et qu’il pourrait peut-être la sauver d’elle-même mais que, finalement, elle était juste stupide, vraiment stupide, parce qu’elle est un putain de monstre. Toutefois, si elle parvient à tenir bon tout au long de cette nuit-là, il y aura peut-être une autre occasion, un autre jour.
Ce n’était pas que l’alcool. C’est ce qui arrive quand le « un peu trop » se transforme en « totale déconnade ». Tituber, c’est ce qui se passe quand quelqu’un a commencé à se vider de ce qu’il est, sans se soucier suffisamment de remettre chaque chose en place, ou de remplacer ce qui a été perdu.
J’ai parfois l’impression de marcher comme ça, moi aussi.
Il y a être seule, et puis il y a être isolée, toute seule. Ce n’est pas du tout la même chose.