AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Cigale17


Une maison parmi les arbres, de Julia Glass, va nous emporter dans une histoire complexe et dense. Un dizaine de chapitres se déroulent sur deux semaines, quatre autres nous emmènent dans le passé des personnages, et le dernier chapitre révèle ce qui se passe un an après cette quinzaine bien remplie.

Le personnage pivot autour duquel s'articule cette histoire s'appelle Mort Lear, un auteur-illustrateur de livres pour enfants, devenu très célèbre grâce aux aventures d'Ivo, un petit garçon qu'il met en scène dans un album intitulé Séisme des couleurs. Mort est un artiste au caractère difficile, parfois ombrageux, soucieux de sa tranquillité, gay, et somme toute assez secret. Quand le roman commence, il est mort accidentellement depuis un mois environ. Il a légué sa maison et ses biens à Tomasina Daulair (Tommy), son assistante, sa secrétaire, son intendante, son amie, sa confidente et son exécutrice testamentaire... C'est très généreux, mais c'est aussi un cadeau empoisonné. Les dernières volontés de Mort touchent d'autres personnes que Tommy, or il avait pris certains arrangements qu'elle ignorait et fait des promesses que rompt son testament. À elle de composer avec ça !

Quand le roman commence, Tommy attend Nicholas Greene, un acteur britannique, star internationale oscarisée, pressenti pour tenir le rôle de Mort dans un « biopic » dont le tournage vient de commencer. Mort et Nick avaient correspondu par courriels, et l'écrivain avait fait des confidences à l'acteur à propos d'un traumatisme d'enfance, confidences qui contredisent ce que Mort avait raconté précédemment à un journaliste. Que doit faire Nick, soucieux cerner au mieux son personnage pour les besoins du film ? Divulguer ce que Mort lui a confié ? Tenter d'apprendre ce que sait Tommy ? Laisser les choses suivre leur cours ?

L'autre personne directement concernée par le testament de Mort s'appelle Meredith Galarza (Merry), fan de Morty et un peu amoureuse de lui aussi, elle projette de consacrer un musée au travail de l'auteur-illustrateur sur la foi de ce qu'il lui a promis (de vive voix), à savoir de faire don de certaines illustrations originales de ses albums, et de ses diverses collections. Mais le testament révèle d'autres projets qui la mettent au désespoir. Peut-elle faire de Tommy une alliée ? Est-il possible de prouver que Mort avait promis de doter le musée ? Elle vient de se séparer de son mari, et si sa vie professionnelle s'effondre, que lui restera-t-il ?

Autour de ces quatre personnages principaux gravitent des personnages secondaires, plus ou moins développés, plus ou moins sympathiques, mais qui sont tous intéressants, citons entre autres : Danilo (Dani), le frère cadet de Tommy, qui va d'échec en échec et cultive sa rancoeur contre l'illustrateur ; Soren, le jeune amant de Morty qui mourra du sida ; Franklin, l'avocat de Morty qui se révèle un vrai soutien pour Tommy ; Emmeline Godine qui a pris le jeune Nick sous son aile et Dierdre Drake, qui joue le rôle de la mère de Mort dans le film. D'ailleurs, omniprésentes mais toujours en retrait, il y a les mères : celle de Morty, celle de Tommy, celle de Nick, celle de Merry, et j'en oublie peut-être. L'image en est tellement peu flatteuse que cet aspect à lui seul justifierait une relecture…

C'est le premier roman de Julia Glass que je lis, et il y en aura d'autres ! J'ai beaucoup aimé ce roman bavard, dense et touchant. J'ai aimé sa foisonnante richesse, la fine étude des divers personnages, la révélation des doutes qui les habitent, l'humour et l'ironie feutrée qui se glissent partout. J'ai aimé l'infinie délicatesse et la grande empathie de Tommy, la maladresse attendrissante de Nick, le désespoir et le courage de Merry, la rémanence des blessures de l'enfance chez tous les personnages. J'ai aimé découvrir la personnalité de Morty par les yeux des autres, les contradictions que ce prisme fait apparaître, les failles et la discrète générosité de cet égoïste difficile à aimer… Là aussi, une relecture s'imposerait : mes soupçons sont-ils fondés ? faut-il croire ce que sous-entend Reginald ? Mais bon, on ne peut quand même pas reprocher à un roman d'être riche au point de susciter une nouvelle lecture…

Merci au Grand Prix des Lectrices de Elle et aux éditions Gallmeister.
Challenge multi-défis 2019
Commenter  J’apprécie          201



Ont apprécié cette critique (19)voir plus




{* *}