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Critique de cecilit


Si son récit se nomme Lady in waiting, Dame d'honneur en français, Anne Glenconner, née Anne Véronica Coke en 1932, nous livre aussi et surtout sa vie en dehors de ce rôle que son amie, la princesse Margaret, lui a demandé, en 1971, de tenir auprès d'elle et qu'elle a rempli pendant près de vingt ans jusqu'à la mort de cette dernière.

Près de vingt ans auparavant, Anne Glenconner avait été choisie, en qualité de fille de paire du royaume, pour être une des six demoiselles d'honneur au couronnement de la reine d'Élisabeth II. Anne Glenconner avoue d'ailleurs ne pas se souvenir précisément de cette journée tant le trac et l'émotion l'avaient submergée, tant son attention avait été portée sur le fait d'exécuter et respecter au millimètre près les gestes et consignes appris lors des nombreuses répétitions : tenir la traîne de six mètres de long de la reine sans la lâcher, marcher au même pas que celle-ci, se tenir droite et digne, paraître aimable sans sourire... et surtout ne pas s'évanouir.

Il n'empêche que d'avoir été demoiselle d'honneur d'Élisabeth II lui a valu quelques moments de célébrité dans la presse et la reprise de son amitié avec la princesse Margaret, qu'elle fréquentait déjà enfant puisque leurs parents étaient amis.

Le premier chapitre nous immerge directement dans la très haute noblesse anglaise. On y découvre une petite fille grandissant dans un des plus grands domaines d'Angleterre au sein d'une famille on ne peut plus privilégiée, ainsi que des règles de vie très codifiées et un pedigree impressionnant : son très lointain ancêtre, Sir Edward Coke, était l'un des plus grands juristes de l'ère élizabéthaine et jacobéenne, son père chassait avec le père d'Élisabeth II comme son arrière-grand-père, le comte de Leiceister, et son grand-père l'avaient fait avec Georges V, ses parents étaient un des couples chéris de la très haute société et très amis du duc et de la Duchesse d'York, les futurs roi et reine suite à l'abdication de Georges VIII, sa mère, elle-même fille de comte, fut Lady Bedchamber (Dame de la Chambre) d'Élisabeth II pour son couronnement, etc, etc, n'en jetez plus.

Nous sommes donc au début de ce récit, dans le parcours d'une enfance et d'une jeunesse faites de privilèges, de passe-droits, très loin de la réalité de la vie de n'importe quelle jeune fille. Quel intérêt peut-on donc trouver à l'autobiographie de cette vieille dame, me direz-vous ? Hormis, la fascination que ce monde fermé suscite, quelle lecture peut-on avoir de tout cela ? C'est sans compter que la vie a réservé à Anne Glenconner bien des chemins de traverse et qu'elle le raconte plutôt bien et avec humour.

Parce qu'elle est née fille, au grand désespoir de son père légèrement macho, Anne Glenconner n'a pas hérité du titre de son père. Parce que son CV lui intimait de se marier avec un aristocrate, elle en a épousé un, bien de son rang.

Colin Tennant, 3ème baron Glenconner, fut son mari pendant cinquante quatre ans et ce qu'elle raconte de sa vie avec ce personnage borderline dépasse parfois l'entendement. Marginal, fantasque, probablement dérangé psychologiquement, il n'en fut pas moins un homme d'affaires et le créateur de ce qu'est devenue aujourd'hui la célèbre Île Moustique, chère à la jet-set millionnaire (Anne Glenconner raconte d'ailleurs que Charles, l'actuel roi déjà écolo, aurait lancé à Colin, la fois où invité par ce dernier, à admirer les travaux en cours sur l'île : " alors, ça y est, vous l'avez bien saccagée "...).

Outre sa vie entre Londres et l'île Moustique, au départ très spartiate, son mariage avec un homme perturbé mais attachant puis la perte de deux de ses cinq enfants, Anne Glenconner nous retrace aussi le portrait de son amie Margaret. Nous la découvrons telle qu'elle a été interprétée par Helena Bonham Carter dans la série The Crown, pétrie de contradictions, car d'un caractère rebelle mais ayant été élevée avant tout en princesse, fantasque et probablement malheureuse.

C'est d'ailleurs avec la visite de l'actrice Helena Bonham Carter (cousine de Colin Tennant) que s'ouvre cette bio quand celle-ci vient rendre visite à Anne Glenconner afin de se faire une idée plus précise de ce qu'avait été l'amitié entre les deux femmes, de parler de la princesse Margaret pour mieux s'imprégner de sa personnalité.

Distrayante et intéressante autobiographie d'une femme qui a côtoyé des personnages tout à fait hors de son cadre de par les fréquentations de son étrange mari, et qui pouvait, la veille, faire la fête avec Bianca Jagger et, le lendemain, bruncher avec la reine.

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