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Critique de Junie


Ouvrir ce livre, c'est entrer dans l'enfer d'une vie d'enfant confronté au délire mégalomaniaque de son père et à la coupable faiblesse d'une mère résignée.

L'enfant est surnommé Picasso par ce père monstrueux et manipulateur. Picasso à cause du portrait de Paul en Arlequin accroché dans sa chambre. Picasso pour tourner en dérision son goût et son talent pour le dessin. Picasso n'est qu'un barbouilleur de toiles, un imposteur qui ne sait pas peindre, un raté. Car l'enfant, malgré ses efforts, n'est jamais à la hauteur pour son mythomane de père. Ce père qui prétend avoir accompli des exploits et joué un rôle historique glorieux autant que discret.

Les mensonges et les affabulations de ce pervers en mal d'admiration vont contaminer l'esprit de l'enfant qui se met à reproduire le même schéma auprès de ses copains de collège. À force de vivre dans un univers "fake", il ne distingue plus le vrai du faux. Et au besoin, quelques taloches le rappellent à l'obéissance et à la soumission.

Quant à la mère, elle se contente de répéter : "tu connais ton père ! ", inutile de le contredire ou de lui résister. Certaines scènes sont d'une brutalité difficilement supportable, on aimerait que le bourreau soit dénoncé, que ses victimes se révoltent. On est témoin de la violence intrafamiliale, physique et psychologique, qui interdit d'aller porter plainte, celle qui reste cachée, dont on a honte, que même les voisins ignorent.

Peut-être cet enfant est il sauvé par son talent pour le dessin. Comme certains prisonniers ou déportés, il dessine pour se sentir plus fort, plus libre, pour échapper à son malheur. Pour laisser une trace, un message, pour appeler à l'aide.

L'adaptation en BD est très réussie, on pense en lisant à la détresse d"un Poil de Carotte, ou au héros des 400 coups. le noir et blanc, la sobriété du trait, la mise en page, le scénario, tout est là pour nous faire partager les émotions des personnages. On retient pour finir le cynisme effrayant du père tortionnaire qui disparait avec ces mots : "ton père qui t'aime ".
Un dernier mensonge ?

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