L'oeuvre de Gobineau (1816-1882) est atypique. À la suite de la parution en 1853 de son "Essai
sur l'inégalité des races humaines", Arthur-Joseph de Gobineau est considéré par certains comme le fondateur de l'aryanisme, à l'origine de l'idéologie nazie basée sur l'inégalité des "races" et la prétendue supériorité de ce que l'on appelle aujourd'hui l'homme occidental (ou en d'autres termes l'aryen). Pourtant, à la lecture de ses "
Nouvelles asiatiques", on se trouve en face d'un observateur intelligent et surtout infiniment respectueux des moeurs et coutumes des peuples du Proche et du Moyen-Orient. Grand voyageur, diplomate en poste à Téhéran où il fut ministre plénipotentiaire, Gobineau a rencontré de nombreuses personnalités politiques et religieuses et étudié les coutumes des peuples musulmans du Proche et du Moyen Orient, dont il parlait couramment les langues. Les "
Nouvelles asiatiques" sont donc l'oeuvre d'un érudit, qui parle de ce qu'il a vu par lui-même ou appris de nombreux témoignages, mais également d'un conteur hors-pair. Injustement méconnue, étouffée qu'elle a été par l'exploitation à des fins politiques de ses écrits théoriques, l'oeuvre romanesque de Gobineau mérite d'être appréciée pour sa vision romantique de l'Orient. On ne s'ennuie guère à la lecture de ces six nouvelles, toutes d'excellente facture, mais j'ai bien ri à la lecture de "La guerre des Turcomans" et ai pleuré à chaudes larmes sur "Les amants de Kandahar".
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