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Critique de Jemlyre


Qui touche à mon corps je le tue... je m'attendais à une sorte de livre/témoignage sur le viol, c'est ce que le titre m'a inspiré de prime abord.
Et bien que nenni ! Quoique...peut-être le viol, dans le sens large du terme.

La construction du livre est assez déroutante, il s'agit de trois histoires de vie entremêlées, et quelque chose que je n'arrive pas à identifier dans le style condensé utilisé par l'auteur fait que l'on ne poursuit pas cette lecture avec grand plaisir. Une certaine froideur et un manque d'affect qui sont peut-être appropriés à la souffrance des personnages féminins, obligés de « se dissocier » pour moins souffrir.
On sent ces pages comme un cri de haine et de douleur ! D'où une certaine violence (qui n'en est pas une) perçue par certains lecteurs.
Ceci dit, le livre ,ne manque pas d'intérêt et le sujet abordé est grave et difficile.
Le rapport au corps. Vaste sujet...

Lucie (on pourrait écrire des pages rien qu'en essayant d'analyser l'étymologie de ce prénom à laquelle l'auteur fait référence. Que symbolise donc cette lumière ? Un changement de la condition féminine ?) a une relation quasi fusionnelle avec sa mère, elle se marie, tombe enceinte et avorte.
Elle ne se sent vraisemblablement pas prête à devenir mère. Son mari est loin, au front. Est-ce sa façon de dire non au conformisme de la société qui veut que l'on devienne forcement mère et qui condamne très violemment l'avortement ?
Le corps de Lucie est décrit comme une plaie béante qui se vide de son sang. Pourtant, elle entretient un semblant de relation avec l'embryon qu'elle porte et va même jusqu'à lui donner un prénom. Peut-on voir dans tout ceci une certaine ambivalence ? Lucie sait-elle ce qu'elle veut ou subit-elle les événements ?
On nous dit qu'elle est à la recherche d'un amant capable de lui prodiguer des caresses susceptibles de la réconcilier avec son corps.
Non, son corps ne doit pas être qu'une plaie...il faut qu'elle se le réapproprie.

Marie, « faiseuse d'anges », qui a été mère, femme et maîtresse, est condamnée à la peine capitale. Pourtant, jusqu'à son exécution, elle ne saisira pas la raison de l'acharnement de la justice sur elle. Elle ne pensait pas à mal, elle rendait service...les gens la remerciaient.
Et pourquoi dit-on qu'elle a été une mauvaise mère ? Elle-même n'a pourtant pas cette impression.
La description de Marie dans sa cellule est très touchante. Il est difficile d'imaginer ce que l'on ressent à la veille d'une exécution.

Quant à Henri, le bourreau, il porte le lourd fardeau de ce métier et du suicide de son fils qu'il voulait « rendre plus homme » en l'incitant à assister à une mise à mort. A noter que ce fils a souffert du départ d'une femme que Henri semble avoir très peu en estime.
Il est également intéressant de voir les aspects décrits de la relation conjugale que le bourreau a avec son épouse.

En définitive, dans ce roman, les femmes souffrent et le personnage masculin est un bourreau.
Faut-il extrapoler à cet éternel débat sur la relation homme-femme ? Sur la question de savoir si le corps de la femme lui appartient dans une société prompte à juger telle que celle qui est décrite dans ce livre ?
Nous pouvons également essayer d'analyser le titre du livre « Qui touche à mon corps, je le tue ».
Qui a touché aux corps des personnages féminins de ce roman ?
Je trouve qu'il y aurait énormément à dire sur le sujet et ce livre se prête facilement au débat.
Lien : http://partage-lecture.over-..
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