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Critique de RomansNoirsEtPlus


Les romans de Robert Goddard ont la nostalgie d'un certain “English way of life” où chaque rencontre de personnages s'accompagne nécessairement de la dégustation d'une tasse de thé quand il ne s'agit pas d'un doigt de sherry . Sous sa loupe grossissante , Il ausculte tel un entomologiste passionné , les actes et les méfaits de ces hauts bourgeois fortunés dont les préoccupations existentielles quotidiennes sont loin de celles du commun des mortels . Des individus qui n'ont pas à se préoccuper des fins de mois difficiles mais plutôt de la décoration intérieure de leur immense cottage ou de la préparation d'une prochaine soirée mondaine .Mais cette caste n'est pas pour autant au-dessus de tout soupçon ni sans cacher quelque mystère bien enfoui dans les archives de la famille .
Pour les Abberley l'étincelle qui met le feu aux poudres et qui marque le premier acte de cette affaire , c'est l'assassinat de Beatrix Abberley en pleine nuit . le coupable semble tout trouvé : la police a découvert une collection d'objets de marqueterie de grande valeur volés à la victime dans une boutique d'antiquaire . Mais Colin Fairfax , le brocanteur , ne compte pas se laisser emprisonner sans agir : il demande aussitôt l'aide à son frère Derek qu'il tente de persuader de son innocence .Derek n'a qu'un moyen pour sauver son frère : convaincre la famille de la défunte , son neveu et sa nièce , en l'occurrence , Maurice et Charlotte Ladram , que son frère n'est qu'une victime .
La célébrité de la famille Abberley est un poète , Tristram , frère de Beatrix , décédé de septicémie pendant la guerre d'Espagne , en 1938, alors qu'il combattait au côté des forces républicaines .Ces recueils de poèmes ont connu un très vif succès de son vivant comme après sa mort , et ont apporté à la famille des droits d'auteur considérables .
La deuxième mèche qui va ranimer la flamme risquant de détruire le reste de la famille c'est justement la découverte de lettres écrites par Tristram à sa soeur Beatrix pendant la guerre d'Espagne . Une riche correspondance qui va rebattre les cartes des certitudes sur lesquelles étaient bâties les relations des Abberley et des Ladram et qui vont entraîner un nouveau drame .


Ne vous fiez pas à la lenteur relative du rythme de ce roman . Avec les lectures de Robert Goddard il faut être patient , attentionné pour mieux être surpris .Il épluche de manière déterminée ses secrets de famille enfouis que le hasard et une certaine détermination à déterrer la vérité , va mettre en lumière , pour le plus grand malheur de certains .
L'auteur situe l'action dans les années quatre-vingt afin que les derniers participants de la guerre d'Espagne puissent encore témoigner . Grâce à ces confessions orales ou écrites on (re)découvre cet épisode funeste de l'Histoire d'Espagne qui a vu s'opposer les combattants de la liberté et de la République aux nationalistes dirigés par Franco . Une guerre sans merci qui préfigure les horreurs de la deuxième guerre mondiale .
Les idées de gauche du poète anglais semblent cinquante ans plus tard s'être évanouies au regard du comportement de ses descendants comme Maurice qui vit dans l 'opulence et dans la démonstration d'un capitalisme prédateur et égoïste .
Alors que Maurice représente cette bourgeoisie méprisante et hypocrite , sa demi-soeur Charlotte c'est à l'inverse la sensibilité et une ouverture d'esprit qui laisse place à l'autocritique comme à la remise en question .
L'auteur va nous faire découvrir l'envers du décor de cette famille ( et des protagonistes qui l'entourent ) , ses secrets inavouables , dans l'esprit d'un roman policier au style efficace qui ne renie pas ses origines anglaises .
Vous vous régalerez avec ces personnages aux multiples facettes , avec ce récit plein de rebondissements et cette écriture implacable qui ne rencontre aucune faiblesse .
Tout l'art d'un grand écrivain , parmi les meilleurs de sa génération .
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