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Critique de RomansNoirsEtPlus


J'ai été une nouvelle fois bluffé par cette histoire incroyable que nous offre Robert Goddard dans son dernier roman.
Un récit passionnant qui se déroule entre l'Algérie, l'Angleterre et la France.

L'histoire d'un mystère : celui de la disparition d'Harriet Gray en ce mois de juin 1965, à Paris.
Depuis plusieurs dizaines d'années, son frère cadet Stephen cherche à découvrir ce qui lui est arrivé afin de pouvoir, enfin, faire son deuil. le dernier à l'avoir vu vivante est son petit ami Nigel Dalby. Les deux tourtereaux se sont rencontrés quelques mois plus tôt à Londres dans une librairie avant qu'Harriet saisisse une opportunité de travailler sur le tournage du nouveau film de Jacques Tati, «Playtime». C'est justement sur le plateau de tournage à Tativille, que Nigel, engagé comme figurant , va rencontrer Wassim Zarbi, d'origine algérienne. Ce dernier, membre du FLN, joue un rôle trouble et souhaite embarquer Nigel dans une future opération. Une action dangereuse possiblement téléguidée depuis l'Algérie alors que le premier président de l'état algérien Ben Bella vit ses derniers jours au pouvoir.
Toutes ces informations et témoignages font partie d'un journal intime écrit par Nigel Dalby depuis son petit appartement algérois au-dessus de sa librairie , où il vivait exilé, et qui va faire l'objet d'un dangereux chantage près de soixante ans après la disparition d'Harriet dans lequel les acteurs survivants de l'époque, Stephen, Suzette, la fille de Nigel comme les services secrets algériens vont être impliqués.

L'auteur mêle la Grande Histoire - celle de l'Algérie- et une fiction d'un réalisme glaçant. Il nous rafraîchit notamment la mémoire sur cette sombre période de l'histoire française où le 17 octobre 1961 plusieurs dizaines - voire centaines d'algériens sont tués par les forces de l'ordre parisienne dirigé par le préfet Papon. Il nous rappelle aussi cette décennie noire, les années 90 en Algérie pendant laquelle une vague de folie criminelle s'est répandue dans tout le pays qu'il s'agisse d'agissements meurtriers du GIA ou des unités policières dirigées par le gouvernement.
Nigel Dalby a été témoin de tous ces faits avant de les subir. Il a également participé à des actes criminels qu'il ne peut oublier et qu'il préfère confesser dans ce journal car la vérité doit être dite malgré tout.
Quitte à ce que bien des années plus tard ces vérités soient l'objet d'un combat féroce entre plusieurs factions antagonistes aux objectifs contradictoires.
J'ai comme vous l'imaginez été totalement subjugué par ce récit immersif où deux jeunes gens se sont retrouvés malgré eux embarqués dans le feu des jeux politiques et de l'Histoire en marche. Une Histoire qui retient les vainqueurs mais qui oublie tous les morts qu'elle a généré sur son passage.
Comment ne pas évoquer la puissance dramatique des personnages qui égaient le récit, que ce soit du côté algérien avec le commissaire Taleb dont c'est probablement la dernière affaire avant la retraite et l'agente des services secrets Hidouchi promise à un brillant avenir, l'inconsolable Stephen Gray qui ne peut vivre pleinement son existence sans comprendre ce qu'il est advenu de sa soeur aînée, Suzette déchirée sur la meilleure décision à prendre quant aux confessions de son père, Nigel Dalby enfin, qui à travers son témoignage, nous fait revivre sa bouleversante histoire, à la fois victime mais aussi responsable des conséquences de ses actes.
Un roman dont on imagine aisément la somme de recherches et de documentations décortiquées afin d'en retirer la substantifique moelle, support indispensable à une narration réaliste respectant la chronologie historique.
Bravo !

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