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Critique de elea2020


Cela faisait des années que Les Souffrances du Jeune Werther attendait que je me penche dessus, et entre dedans.

Il est difficile d'émettre un avis sur un si grand classique, et je reconnais qu'au-delà du plaisir de lectrice, j'ai forcément un avis distancié, car je vois là un "monument" littéraire, le livre qui a fait connaître le romantisme allemand.

La rencontre de Werther et de Charlotte est touchante. Pour lui c'est un coup de foudre, il aime immédiatement Charlotte pour tout ce qu'elle est, et elle est autant l'amie à qui se confier, que celle avec qui partager le goût des livres, de la poésie, et ce n'est pas rien.

La première partie du roman se livre par lettres, essentiellement de Werther à son ami Wilhelm, jeune homme qui connaît sa mère, et semble veiller sur lui à distance, le conseiller, voire même lui assurer un poste chez l'ambassadeur.

Car les joies pures et sans mélange du début se ternissent, lorsque le "promis" de Charlotte revient dans le cadre. Werther tente de sympathiser avec lui, de l'aimer ; toutefois, cette relation s'entache vite de soupçons et d'une certaine jalousie de part et d'autre. Werther s'enfonce dans cet amour sans espoir qui ne peut lâcher son "objet", tout en sachant qu'il ne devrait pas. En un ultime sursaut il tente de partir, et part travailler pour l'ambassadeur.

Mais c'est un échec. L'employeur ne comprend pas le jeune homme, et le caractère passionné et entier du jeune homme ne trouve pas à s'employer, il s'ennuie, et se sent mal dans la société mondaine. Il revient, et il lui faut revoir Charlotte, et les lieux où il a été heureux. Mais cela ne fera qu'empirer sa situation et le mener irrémédiablement au désespoir...

C'est l'éditeur du manuscrit qui prend la relève sous forme de narrateur a posteriori, en racontant la fin de Werther et l'escalade vers sa décision tragique.

J'aimerais dire de Werther ce que je ne connaissais pas déjà, ce à quoi peut-être je ne m'attendais pas.
Tout d'abord, le sentiment mystique de la nature, de sa grandeur, qui toujours s'accorde aux sentiments passionnés, voire exaltés, ou, du moins dans les débuts, méditatifs et sereins. La nature est l'écrin du coeur, elle se prête à des pages où souffle un vent puissant, des pages de descriptions lyriques qui marquent l'imagination. Je croyais vois ces scènes comme des tableaux peints au fur et à mesure avec netteté devant mes yeux - je pense à la scène de l'inondation de la vallée, par exemple. J'avais oublié à quel point les lieux sont importants dans le romantisme.

Ensuite, l'intrigue qui mène le jeune homme au choix désespéré entre tous est bien loin d'être restreinte à une histoire d'amour ; elle est existentielle, et Goethe ici ne déparerait pas auprès des philosophes. le mal-être de Werther est dû à sa condition, à son sentiment d'inutilité, d'impossibilité de s'engager pour une oeuvre grandiose. Ses qualités de coeur et de sensibilité s'étiolent, il n'arrive plus à dessiner, renonce vite à travailler. Il gâche ses dons artistiques et intellectuels.

Sans doute ce vide préexiste-t-il à son attitude jusqu'au-boutiste en ce qui concerne son amour pour Charlotte. du reste, celle-ci le détecte, et lui en fait gentiment le reproche.

C'est donc une lecture touchante, triste plus que sombre, j'aurais vraisemblablement adoré lorsque j'étais jeune cette histoire d'amour impossible. J'ai sans doute plus aimé maintenant la peinture des personnages, l'analyse psychologique, le décor soigné, et certaines anecdotes, histoires de vie d'autres personnes croisées par Werther, qui ne manquent pas de force. Sa difficulté à vivre en société, à accepter les codes, son tempérament atypique et hypersensible m'ont touchée, son désespoir existentiel aussi.

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