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Critique de ZahraAroussi


𝑾𝒆𝒓𝒕𝒉𝒆𝒓, 𝒐𝒖 𝒍𝒂 𝒑𝒂𝒔𝒔𝒊𝒐𝒏 𝒎𝒐𝒓𝒕𝒊𝒇𝒆̀𝒓𝒆...
Je ferme ce roman avec au coeur une sensation de plomb qui se calcine ; le poids de la misère d'un amour, fusse-t-il fictif, est pénible à porter pour les êtres qui ressentent trop ; beaucoup trop.
Dans le livre premier, je me perdais d'émerveillement dans le Romantisme ardent de Goethe entre l'exaltation des sentiments et la dévotion envers la nature. Aux matinées de mai, le vent qui parcourait les vallons, caressait mes joues avec la légèreté d'une plume ; je sentais les rayons du soleil pénétrer les embrasures de mon âme pour la réchauffer ; mon dos comme mon âme, étendus, se rafraichissaient sur le gazon les doigts enfourchant l'herbe; les forêts prenaient forme dans mon imaginaire, je pouvais presque distinguer la sève d'un arbre et la voir luire, ambrée et étincelante, comme l'or de la Vie ; je humais l'odeur de la terre encore humide d'une aube qui se dénude, et combien de fois, me suis-je surprise à halluciner d'entendre le ramage des oiseaux entre deux clapotis d'une fontaine. Mais à mesure des balades sur les pages, l'orage se faisait bruyant, grondait de malheur, de funestes tourments allaient prendre part parmi les décors bucoliques dans lesquels je me délectais tant comme un recueillement de l'esprit ; comme un exutoire. Somme toute, pour moi, les Romantiques sont, indéniablement, les maitres du style et des mots pour insuffler autant de vie dans leurs descriptions.
𝑸𝒖'𝒆𝒏 𝒆𝒔𝒕-𝒊𝒍 𝒅𝒆 𝒍𝒂 𝒇𝒐𝒓𝒎𝒆 ?
Le format épistolaire à sens unique donne une impression de lire un journal intime, donnant ainsi une immersion des plus imprenables sur la subjectivité de Werther. On découvre alors un panel bigarré d'émotions : au coeur de l'Homme et ses angoisses, dans sa folie amoureuse, dans son désespoir et de tout ce qui fait sa complexité. La traduction reflète un style limpide, des tournures agréables, des comparaisons démentes.
𝑳𝒆 𝒇𝒐𝒏𝒅 : 𝒊𝒏𝒗𝒊𝒕𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒂𝒖 𝒔𝒖𝒊𝒄𝒊𝒅𝒆 𝒐𝒖 𝒄𝒂𝒕𝒉𝒂𝒓𝒔𝒊𝒔 ?
Werther éprouve un amour très exalté pour Charlotte mais cette dernière est promise à un autre. Si le personnage nous plonge dans sa détresse psychologique et dans sa profonde souffrance au point de se donner à la mort ; on serait tenté de dire qu'il y a énormément d'exagération dans ce qu'il ressent (« tss, p'tite nature » me suis-je répétée tout au long de ma lecture). Et pourtant, même si la fin est marquée par un suicide dû à l'incapacité de Werther de se déchainer de ses sentiments ; il serait intéressant de vivre la chose comme un catharsis, une purgation des passions. Pour nous, lecteurs, le tragique peut être un vecteur salvateur des âmes pour les renforcer face aux chagrins amoureux.
𝑷𝒐𝒖𝒓𝒒𝒖𝒐𝒊 𝒆𝒔𝒕-𝒊𝒍 𝒊𝒎𝒑𝒐𝒓𝒕𝒂𝒏𝒕 𝒅𝒆 𝒍𝒊𝒓𝒆 𝒄𝒆 𝒕𝒆𝒙𝒕𝒆 𝒂𝒖𝒋𝒐𝒖𝒓𝒅'𝒉𝒖𝒊 ?
Outre, le sujet principal qu'est l'amour, cette oeuvre est agrémentée de pistes de réflexions existentielles : sur les choix des individus, sur la notion du bien et du mal et même sur la question de l'amitié ; cela, tantôt à travers de brillantes joutes verbales où on voit Werther étaler son argumentaire avec d'autres personnages, tantôt seul face à sa pensée. Est-ce un chef d'oeuvre ? Pas pour moi, mais ça reste un incontournable à lire !
Par manque d'énergie, j'ai survolé plusieurs thématiques et ne suis pas allée au fond des choses comme je le conçois; peut-être y reviendrais-je pour ajouter d'autres éléments à cette modeste analyse.
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