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Critique de Erveine


Sur son lit de mort, la mère de Charlotte dans un dernier souffle fait promettre à sa fille de se vouer aux enfants, de s'assumer en tant que mère et même de porter soutien à son père, puis, comme s'il n'y suffisait pas, elle la recommande à ce cher Albert, ami de la famille, ainsi instituée sa promise.
Certes ! Une recommandation qui apaise la mère quittant le monde des vivants en emportant l'image sereine du couple se soumettant. Mais Charlotte endosse ce rôle bien au-delà qu'il eut fallu tant elle se leurre sur la nature des élans de connivence et d'affection qui la relient à Werther, lequel découvre pareillement que l'attachement de réciprocité qui les pousse l'un envers l'autre est pernicieux puisque scellé des flammes de la passion... J'aurais pu trouver cette lecture désuète et pourtant non ! Même ! Je dirai plus, j'aurais été peinée de passer à côté et d'en méconnaître le sens, le déroulement et la beauté du récit. du reste, pour le trouver désuet encore faudrait-il que je dénie le sentiment amoureux. Or, fort heureusement, ou bien fort malheureusement par ailleurs, l'amour existe. Oui ! Je suis bien sûr de moi criera-t-on ! Qu'est-ce qu'elle en sait ? Mais alors pourquoi ces livres ? Et quand bien même, sans eux ! Pourquoi faudrait-t-il vivre sans espoir ? Vivre sans amour ? Non ! Je ne le veux pas. Pour sûr ! Tout le monde et moi donc n'est pas aimé en retour de ce qu'il attend. Si, si ! Non, non ! Comme ce serait simple. J'imaginais parfois avec un soupçon d'ironie que se trouve dans ma boîte aux lettres, quelques certitudes. Oui ! Vous avez non pas gagné le gros lot mais choisi la bonne personne. Vous pouvez aller en chemin jusqu'à votre dernière heure et couler des jours paisibles, quel qu'en soit le menu, la longévité... Rire... Peut-être qu'il suffirait de ne pas mettre trop haut la barre !
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ㄧ Ainsi fait ! Werther aime la nature et jouit en contemplateur de choses offertes et de joies simples :
« Que je suis heureux d'avoir un coeur fait pour sentir la joie innocente et simple de l'homme qui met sur sa table le chou qu'il a lui-même élevé ! Il ne jouit pas seulement du chou, mais il se représente à la fois la belle matinée où il le planta, les délicieuses soirées où il l‘arrosa, et retrouve en ‘un' instant le plaisir qu'il éprouvait chaque jour lorsqu'il en suivait la croissance. » (p. 71)
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ㄧ Werther se redécouvre à travers la reconnaissance de l'autre :
« Elle m'aime ! combien je me deviens cher à moi-même ! combien ㄧ j'ose te le dire à toi, tu m'entendras ㄧ combien je m'adore depuis qu'elle m'aime ! » (p.81)
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ㄧ Désinhibé par le ressentiment amoureux, il s'exalte et babille comme un enfant :
« Comme je me retirais hier, elle me tendit la main, et me dit : « Adieu, cher Werther ! » Cher Werther ! C'est la première fois qu'elle m'ait donné le nom de ‘cher ‘, et la joie que j'en ressentis a pénétré jusqu'à la moelle de mes os. Je me le répétai cent fois ; et le soir, lorsque je voulus me mettre au lit, en babillant avec moi-même de toutes sortes de choses, je me dis tout à coup : « Bonne nuit, cher Werther ! » et je ne pus ensuite m'empêcher de rire de moi-même. » (p.144/145)
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ㄧ Mais la passion le vole en sa tête et il se languit de n'être point cet homme un instant rencontré, qui lui, a perdu la raison :
« Où tu étais heureux ! me suis-je écrié en marchant précipitamment vers la ville, où tu étais content comme un poisson dans l'eau ! ㄧ Dieu du ciel, as-tu donc ordonné la destinée des hommes de telle sorte qu'ils ne soient heureux qu'avant d'arriver à l'âge de la raison, ou après qu'ils l'ont perdue ? » (p.148)
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C'est riche ! Il n'y a pas d'espace fortuit et la lecture pourtant reste d'un bout à l'autre captivante.
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