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Critique de Nastasia-B


Carlo Goldoni signe, avec Les Rustres (I Rusteghi), une petite comédie sociale en trois actes (dite Comédie d'Ambiance Vénitienne), possiblement osée pour l'époque, mais qui, de nos jours, fait un peu l'effet d'une vesse-de-loup sur laquelle on poserait le pied ou d'un soufflé sorti du four depuis bien longtemps.

Il y dénonce, et je ne saurais m'en plaindre, la condition de la femme dans le milieu des commerçants bourgeois dans la Venise du XVIIIème siècle, trop souvent réduite à l'obéissance, quand ce n'était pas à l'asservissement pur et simple, au joug, à la férule soit du mari, soit du père.

L'auteur y démontre, assez timidement je trouve, que l'on n'obtient rien ainsi des femmes, ni de personne d'ailleurs, et que la seule chose à laquelle on s'expose, c'est à la médisance et à la tromperie car, derrière le dos du mari ou du père inflexible, se trouvera toujours une combine, une ruse, une machiavélique pensée pour contourner le carcan du patriarcat absolu.

On y lit donc une critique sociale avérée, sous les traits d'une vague comédie (les passages comiques — vraiment comiques j'entends — sont peu nombreux et pas très drôles, plutôt de légers sourires qu'autre chose), mais pas une de celles que je qualifierais d'al dente. Ce n'est pas non plus désagréable, je ne dis pas, mais cela ne m'a pas laissé une très forte impression.

Bien sûr, on y lit aussi une pique évidente au matérialisme des bourgeois, plus soucieux de la bonne marche de leurs affaires que de celle de leur foyer, mais, là encore, c'est une pique timide, pour dire sans dire, car, comprenez-vous, il ne fallait pas trop froisser non plus le possible mécène, alors on y va sans y aller. Vous voyez je vous égratigne un petit peu, mais je vous aime bien quand même, je suis de votre côté dans le fond, et si vous pouviez me glisser un petit cachet, je n'y verrais rien à redire... Aaaah, mon cher Carlo, que c'est dur d'être auteur !

Si je devais la comparer, quant au genre et au sujet, à une comédie relativement contemporaine à celle-ci, je choisirais La Colonie de Marivaux et, immanquablement, ma préférence irait à cette dernière. Selon moi, le propos est plus fort, plus drôle et plus osé chez le Français que chez l'Italien, mais encore une fois, tout ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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