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Citations sur Eloge des voyages insensés : Ou L'île (46)

Tous les voyages contemporains, avec leur côté prémédité, rappellent la promenade en bateau des trois héros de Jérôme K. Jérôme et, en ce sens, sont foncièrement littéraires. Est-ce un mal que de s’y résigner ? Né et grandi dans l’espace du livre, le voyage y retourne : c’est un genre littéraire ou cinématographique particulier qui n’a plus d’autre justification aux yeux des hommes… Tous les voyageurs contemporains le comprennent : que ce soit l’équipe de Cousteau, qui fit de son navire sa maison et dont le nom, "Calypso", résonne comme un écho d’Homère, ou Reinhold Messner, qui conquit l’Everest en solitaire, ou encore Michel Siffre, hantant les profondeurs ténébreuses des cavernes… Tous doivent rendre compte de ce qu’ils ont vécu, sans quoi les gens se détourneront d’eux comme d’usurpateurs ayant dérobé à leur profit une part de la richesse commune. Ils doivent restituer aux autres le mystère dévoilé.
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Dans la chambre d’hôtel glaciale. Sous deux couvertures. En caleçon de laine. Nuit. Pluie derrière la fenêtre.
Pourquoi ? Pourquoi tout cela ? Envie soudaine de manger, de prendre une douche chaude.
Qu’est-ce que je cherche ? L’Île ? Elle a été découverte bien avant moi. L’Île, mon invention saugrenue ! Pas besoin de rêver longtemps pour se représenter ce qu’il y a là-bas. Étendue plate. Toundra. Ciel gris, bas, creusé en labour de nuages sombres. Soleil terne, blafard, toujours caché. Herbes chétives tremblant dans le vent et fleurs de camomille – apothéose de la floraison estivale… Odeur d’humidité, partout des marécages, et le bord de mer qui ne sent que l’argile car l’eau, on ne sait pourquoi, ne sent rien. Jaune, glaciale…
Pour le reste, tout doit être comme ici, à Narian-Mar, en pire. Le même froid, la même misère. Depuis deux jours, à l’hôtel, il n’y a pas de chauffage et pas d’eau. Je prends l’eau dehors, à un robinet, dans une gamelle. Le matin, il y en a assez pour se laver, rincer la cuvette, faire le thé. Le soir, pour se laver, mouiller la serviette, s’essuyer, vider la cuvette, faire le thé. Au premier étage de l’hôtel, une porte avec l’inscription : "Buffet". Pas une seule fois je ne l’ai vue ouverte. Et c’est le nouvel hôtel, le plus cher de la ville… Le meilleur…
Je râle, de nouveau : la nuit, de lâches pensées me traversent, serrées, en bancs de poissons. Parfois les poissons sont nombreux, parfois moins. Parfois je perds la tête, tellement tout se met à frémir, à scintiller de mille craintes – déferlement de harengs se jetant dans les filets…
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Je saute du radeau et, prudemment, pieds nus sur le sol glacé, je m’approche de la fenêtre. À travers l’opacité sourde de la pluie : les baraques grises de Narian-Mar.
Une ville étrangère où, je ne sais pourquoi, le courant m’a poussé… Poussé ? Non. J’y suis arrivé de mon plein gré… En quête. En quête de quoi ? De sens. Du sens de la vie humaine. Cela sonne stupidement exalté, soit, mais comment faire si, en vérité, nous sommes placés face au non-sens de l’existence ?
Parce que la guerre, c’est sérieux, c’est du non-sens sérieux. Des milliers de gens tués. Exterminés les uns par les autres. Privés de sens. A Soumgaït. Au Karabagh. À Bakou… La liste va gonfler, comme une tumeur cancéreuse. La famille, la maison, l’individu, son monde, ses efforts, sa joie sont privés de sens, la mort moissonne. Il faut regarder la vérité dans les yeux : les yeux des miséreux, les yeux des réfugiés, emplis de désespoir, les yeux éteints des assassinés. "La vie humaine ne vaut pas un sou". Au juste prix. Pouvoir. Argent. Matières premières. Armes.
Au juste prix, étrangement, de tout ce qui défigure, mutile la vie, la piétine, la détruit, la retient, l’empêche de s’élever, ne laissant pas aux pierres le temps de s’ajuster, aux pousses de se raffermir. La haine a ses lois. Nous vivons à nouveau aux limites des temps…
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Nous fuyons, nous fuyons, mais c'est toujours notre propre nullité que nous fuyons. Notre misère spirituelle, cette maladie du siècle dont tant de gens témoignent qui, le plus souvent, finissent tous de la même façon : mal...
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Le réveil à la vie de l'île au printemps, quand le soleil de mars inonde les glaces d'une lumière rose et transparente, que le silence est assourdissant et que soudain, dans la sombre humidité de la mer, un bélouga se met à battre lourdement de la queue...L'histoire de mystérieux petits hommes souterrains...
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Les hommes en veste léopard, manches roulées et mitraillette entre leurs mains puissantes, viennent à peine d'entrer dans le feu de l'action. Le jeu vide et cruel les emplit de joie. Ils ne savent pas encore que la guerre n'épargne ni eux ni personne. Que la mitraillette est une machine parfaite pour tuer, mais inutile pour se protéger. Se protéger de la mort d'un proche. Du froid, de la solitude, du désespoir, du non_sens...
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