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Critique de Bookycooky


Golovanov , c'est passionnant !
Un écrivain russe singulier qui cherche à travers les voyages une voie vers le dehors, vers un monde où il aimerait être loin de la folie des hommes, en l'occurrence ici de celle de son pays, changer de perspective et y pouvoir éventuellement trouver des clés pour comprendre cette folie. Son point de départ étant l'effondrement du régime soviétique, un désastre en soi, la suite de son effondrement encore plus terrible. Une quête métaphysique dirais-je comme dans son livre précédemment lu “Espaces et Labyrinthes”, son but étant de« tenter la transformation alchimique de l'espace en mots ».
“ Il faut voyager pour connaître les petites choses,” voyager permettant de s'ouvrir à d'autres mondes, trouver des portes d'entrée à d'autres systèmes de valeurs et d'en ouvrir l'accès à notre propre ordinateur sur le disque dur duquel est enregistrée une information précieuse de tout un autre type. C'est dans ces nouvelles connaissances acquises à travers du vécu, des impressions, des conversations, des amitiés nouées, que s'exercera notre liberté, et que nous pouvons faire notre propre opinion du monde, dit-il. Dans ce voyage vers la Caspienne, sa raison officielle sont les pétroglyphes de Qobustan, une commande d'article pour la revue Bakou,mais la vraie cause est sa curiosité pour le mystère de l'Orient et d'aller à la rencontre de l'inconnu. « L'Orient, c'est l'Orient », un monde qui le fascine dès qu'il débarque à Bakou, malgré sa dégénérescence dû non seulement à l'occupation soviétique du passé mais pire, suite à son indépendance en 1991 et l'arrivée au pouvoir du dictateur Haydar Aliyev , suivi de celui de son fils et la folie pétrolière. Pourtant l'histoire très ancienne du pays que même les pires chefs de guerre ni Aliyev n'ont pu détruire, y est présente .« D'où venons nous ? » , « Où allons nous ? », deux questions aussi oppressantes l'une que l'autre.


En quête d'ailleurs pour atteindre l'Homme , Golanov habité d'un espoir, d'une curiosité et d'une sensibilité infinies, improvisant son propre itinéraire , scrute l'espace, note les infimes détails , voguant entre la triste réalité des saccages écologiques et sociales de l'exploitation pétrolière autour de la mer Caspienne et mythes et légendes d'un pays au riche passé. L'Homme vient à sa rencontre sous les traits d'une fille mystérieuse, d'un chauffeur, d'un vieux berger , de Fikret Abdullayev qui constitua en vingt ans un musée, aujourd'hui la gloire de l'azerbaijan ou d'une aubergiste qui mène son affaire en robe de chambre et bas noirs troués. « Je veux comprendre de quoi est faite une vie humaine. » de beauté répond-il, même face au désastre causé par l'homme, et là il cite le Coran, ce livre saint si mal interprété par les Arabes, « Allah est beau, et il aime la beauté. »
Ce livre qu'il a dédié à sa femme était son dernier livre, l'auteur nous ayant quitté à soixante ans tout juste , au printemps 2021.
C'est simplement magistral !

“…essayer de comprendre ce monde nouveau, ce monde de fou qui a perdu la boule.”
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