Le métal résonne à l’aube comme à aucune autre heure. Les jantes métalliques qu’avaient autrefois les voitures résonnaient sur les pierres comme un vacarme de cerceaux. Ces compositeurs de poteaux et de rails de tramways produisent un son métallique qui va bien à l’aube, comme à l’eau le métal de tous les clous qui se délitent dans les cruches.
La terre montre une aigreur, un scepticisme, un ton blasphématoire au fil de l’aube déconcertante… En voyant qu’on n’y pourra rien construire de véritable, on a envie de ne rien construire… Sauf si nous sommes de bonne humeur !…
Les rues bordées d’arbres, les allées, se font plus obscures que dans la nuit profonde… Si cette minute nous surprend en pleine rue, il nous faut marcher au milieu pour être plus tranquilles, car ainsi nous voyons de chaque côté et nous pouvons prévoir le coup qu’on veut nous asséner.
L’aube est l’heure à l’ouïe fine.
Les morts peuvent se mettre au téléphone au moment de l’aube ; mais il faut être discret pour la communication, il ne faut pas la demander, il faut profiter d’une négligence de la centrale et bien sûr se mettre à parler.
L’aube nettoie le monde des voleurs.
On entend l’artillerie de l’aube.