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Critique de Laureneb


Ecrit par les frères Goncourt, je m'attendais à ce que ce roman soit un texte naturaliste, voire social. Or, il pourrait avoir été écrit au début du XIX ème siècle, par un auteur romantique. En effet, de nombreuses pages sont consacrées à la description de Rome, de ses ruines, de ses églises et de ses oeuvres d'art. Cela permet des réflexions sur l'écoulement du temps, la fragilité des civilisations, la puissance de Rome et sa chute, la grandeur du christianisme, la beauté des arts antiques et baroques. On peut retrouver de telles idées chez Mme de Staël, George Sand, Alexandre Dumas... Je pense ainsi au portrait du Colisée au clair de lune, classique semble-t-il du « Grand tour » des jeunes gens du grand monde aux XVIII ème et XIX ème siècles, présente dans le Comte de Monte-Cristo comme ici. Autre thématique qui est fréquente chez les écrivains romantiques, la toute-puissance de la Compagnie de Jésus : les Jésuites sont présentés comme un ordre secret qui a pour objectif de diriger le monde avec ses espions présents partout ; c'est ce que l'on trouve chez plusieurs feuilletonistes du XIX ème siècle comme Dumas, Sue...
C'est ensuite le portrait d'une femme, d'une veuve qui se replie sur son amour maternel. Là encore, ce n'est pas très original. Ce qui l'est d'avantage, c'est que le portrait de Mme Gervaisais est un portrait tout intellectuel et moral – à peine son âge ou sa couleur de cheveux sont-ils évoqués. Et c'est le portrait d'une philosophe, qui a cultivé sa raison, son esprit critique, et même son esprit voltairien - dans le sens d'athéisme. Elle est exceptionnelle pour son temps, trop intelligente et cultivée, une femme à part, ce qui déplaît à son mari jaloux. C'est un esprit fort, inhabituel chez une femme du XIX ème siècle.
Cependant, celle-ci se convertit et devient une dévote fanatique devenue complètement dépendante de son confesseur. En termes actuels, on dirait qu'elle sombre dans une dépression, ce qui en fait une proie pour un manipulateur, un pervers narcissique qui l'entraîne dans sa secte. Il est assez effrayant d'assister à son effondrement, surtout celui de sa conscience et de son intelligence, jusqu'à son amour maternel qui est annihilé.
De belles descriptions, mais bien trop longues avec des successions de listes - listes des églises, listes des dignitaires ecclésiastiques, listes des statues..., un rythme très - très - lent avec un temps dominant qui est l'imparfait, et des situations parfois caricaturales. A ne pas lire comme un roman naturaliste, mais comme un roman romantique anachronique.
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