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Critique de Laureneb


Quand on lit un roman des frères Goncourt, toujours la même interrogation qui ressurgit : alors, c'est mieux que Zola ou moins bien ? Je ne vais pas rentrer dans le débat, mais il est vrai qu'on a l'impression d'être en terrain connu, « l'histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire » pour reprendre le sous-titre des Rougon-Macquart – même si l'action se passe plutôt sous la Monarchie de Juillet. Ici, la famille présentée est celle des Mauperin, une famille de la grande bourgeoisie parisienne, entre son hôtel parisien, sa maison de campagne, son jour de réception, ses promenades au Bois ou ses sorties à l'Opéra. La modernisation du pays de la seconde moitié du XIX ème siècle est visible par l'origine de la fortune familiale, une sucrerie. Les ouvriers ne sont cependant présents que dans l'arrière-plan, aucun d'eux n'accède au statut de personnage.
Ce roman n'est donc pas un roman social, ni même sociologique. le milieu fréquenté n'est qu'un cadre aux actions des personnages, pas un objet d'analyse en soi.
Au sein même de la famille et de ses relations, seuls quelques individus seulement sont caractérisés, leur psychologie développée. le prêtre mondain, la mère de famille dévote mais pécheresse, et le jeune homme ambitieux et calculateur, ne sont pas des caractères véritablement originaux. Il y a des longueurs dans les descriptions d'un salon, les bavardages mondains, l'allusion aux courtisanes est déjà lue ailleurs...
C'est donc surtout le personnage de Renée qui est intéressant, notamment dans sa relation avec son père ; intéressante et émouvante. Ce type d'amour est, me semble-t-il, relativement peu présent dans la littérature du XIX ème siècle, moins en tout cas que les relations mère-fils, ou mère-fille. M. Mauperin est un officier de l'Empire, l'image même du soldat, de l'homme viril pourrait-on dire. Or, il joue avec sa fille quand elle est petite, s'occupe de sa tenue de bal, lui sert de garde-malade... de son côté, Renée aime tellement son père qu'elle ne veut pas le quitter, refusant les prétendants car aucun ne pourra être à sa hauteur. On pourrait presque voir un renversement des genres dans la famille, avec une fille sportive – les premières phrases nous la décrivent en train de nager et de discuter de façon libre avec un jeune homme dans une rivière, ce n'est pas le modèle de la jeune ingénue, qui dit ce qu'elle pense, refuse le mariage ; le père, lui, pourrait avoir des qualités associées traditionnellement au féminin.
Cependant, je dois avouer que le dernier tiers du livre m'a surprise, je m'attendais au retour à quelque chose de plus convenu, plus classique, un retour à la norme. J'ai donc trouvé la fin assez dure, mais en même temps très émouvante car pleine d'amour.
Ne comparons donc pas les Goncourt et Zola, lisons juste un bon roman quand on le trouve.
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