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Critique de michfred


Quand on raconte une chute, il existe, il me semble , deux façons de faire : en dégringolant, depuis le haut de la falaise jusqu'en bas, ou alors,   comme ces bandes qu'on rembobine, en remontant lentement du tas de cailloux sur lequel le corps s'est abîmé,  jusqu'au faîte d'où il a chu.

La première façon  est dramatique et moralisatrice -sic transit gloria  mundi.. - la seconde est tragique mais permet aussi le recul ironique,  façon  Cécile  Sorel - "l'ai-je bien descendu?"-

Goolrick en a inventé une troisième: il pulvérise façon puzzle, il atomise  la chute, au mépris de toute chronologie - wind ou rewind-  en une infinité de petits moments pailletés comme les soirées de ses héros et poudrés comme leur  nez , une collection de petites nouvelles dont le héros-ou plutôt le narrateur-personnage récurrent- est tellement inconsistant  qu'il dit plus souvent "nous" que "je"- et qu'on ne connaît même pas son nom. Tout au plus,  son surnom: Rooney.

Difficile de s'attacher à une trajectoire aussi savamment brouillée,  à un personnage aussi pâlichon.  

Reste le charme de la plume...

En lisant, on accroche  bien quelques silhouettes: Jools, la pauvre petite fille riche qui ressemble tellement à Audrey Hepburn, morte d'une overdose de drogue et d'inattention, Holly, prostituée  transsexuelle au grand coeur,  et tous ces fêtards ou fêtardes brusquement terrorisés par un virus qui rend 'tout contact, tout baiser(..) tragique" , tandis que "la voix du désastre chuchote à  ( leur) oreille" : " c'est la mort du plaisir"...

Les années 80, dans la Big Apple, ce sont aussi les années sida, la catastrophe à  l'oeuvre dans cette gigantesque partouze friquée.. .

On retient quelques scènes...on hume quelques atmosphères. ..mais sans jamais s'attacher, sans s'attarder ni s'apesantir, encore moins s'apitoyer ou frémir,  comme gagné par la frénésie consommatrice, par la futilité  de cet univers d'argent facile, où il est impensable de ne pas rouler en Lamborghini, avec des Lobb  aux pieds, une chemise Turnbull tendue sur des tablettes de chocolat savamment entretenues à coup de coaching, impeccablement sanglé dans  un costard  Brioni , sûrement le fin du fin chez les yuppies! -  je cite de mémoire, tant ces marques fétiches ponctuent en abondance le récit, à se demander si Goolrick n'en a pas fait ses sponsors...

Bref, j'ai lu, j'ai vu, j'ai pas adoru.

J'ai même été plutôt déçue.
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