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Critique de JacquesLarcher


J'ai aimé le contenu de cet essai sur « nos servitudes » du langage et de nos comportements dans la société ; j'ai découvert des nouveaux concepts, des nouveaux auteurs contemporains qui regardent la réalité de nos us et coutumes de manière différente de nous. Il permet de rester humble, petits humains coincés dans le bout de l'Europe occidentale, placée sous l'hégémonie de plus en plus prégnante de l'Amérique du Nord. Nous sommes écrasés par le poids des mots qui envahissent notre quotidien et Roland Gori montre bien une situation qui semble désespérée pour celui qui ne veut pas être englouti par ces déluges d'informations quotidiennes qui hantent nos nuits quelquefois.
Si la première partie traite de la situation actuelle de nos cerveaux en ligne et de la difficulté pour une démocratie de trouver et de faire une place aux débats sereins et constructif, il voit notre position ( non parisienne car celle-ci se croit toujours le centre du monde) actuelle comme celle d'un esclave des temps modernes, quand il évoque l'habitus, une forme de pratiques qui nous habitent depuis notre enfance par l'éducation et ce que j'appelle le bain culturel de couleur ( selon le pays dans lequel tu as passé ta vie, la couleur du bain n'est pas la même et tes idées, tes opinions, tes façons de croire de vivre de parler de bouger de te déplacer ne sera pas la même. L'habitus est particulier à la culture de chaque époque également. le changement de génération entraine de nouveaux habitus, avec son lot de nouveaux comportements et nouvelles expressions par exemple.
La deuxième partie m'a semblé encore plus intéressante.
Si la situation semble désespérée, l'auteur entrevoit une issue dans ce monde globalisé pour un nouvel avenir à l'homme sage et bien dans son temps, bien avec son corps, avec sa tête, avec les siens et tous ses voisins immédiats ou non.
L'espoir il le voit dans la poésie, dans les arts, auprès et avec les artistes qui possèdent il est vrai une sensibilité plus forte que le commun des mortels. L'emploi du langage et des mots s'appauvrissent au fur et à mesure de leur trop grande utilisation dans l'espace médiatique où ils finissent par être dissous et s'éloigner de leur signification d'origine.
L'espoir il le voit également dans les utopies, à l'image des précurseurs de la pensée révolutionnaire française au cours du XIXe siècle. Et au XXIe siècle avec le livre de le Tellier « L'anomalie » qui raconte une histoire dans laquelle l'espace temps est déconstruit.
Enfin il invite à lire des poèmes, à découvrir tous nos poètes du XXe et ceux d'aujourd'hui, surtout issus de la francophonie.
Sa découverte avec la lecture des ouvrages de 3 auteurs de couleur, de la forte résistance des esclaves à l'oppression des planteurs est une source pour nous les humains non ensevelis sous les couches successives laissées lors de son passage sur les ondes, dans les revues, sur les écrans du bulldozer anglo-saxon de conserver l'espoir. C'est le marronage pratiqué alors et qui doit sauver nos tètes de l'échafaud médiatique.
Il y a un auteur américain qui avait évoqué ce qui nous arrive aujourd'hui ; c'est Steinbeck
« Lorsque notre nourriture, nos vêtements, nos toits ne seront plus que le fruit exclusif de la production standardisée, ce sera le tour de notre pensée. Toute idée non conforme au gabarit devra être éliminée. »

L'essai de Roland Gori est un ouvrage savant, extrêmement bien écrit (puisque je suis arrivé à le lire entièrement) et qui va chercher des références à des auteurs de différentes disciplines avec une facilité qui me déconcerte mais me réjouisse.


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