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Critique de Ashtray-girl7


Apitoxine est un roman adolescent qui se situe après le Confinement (j'ai envie de mettre une majuscule pour qualifier cette période si atypique), quelque part à la campagne au cours de l'été 2020. Gwendoline va y passer les vacances chez ses grands-parents, qu'elle n'a pas vu depuis longtemps. Elle va y renouer avec sa cousine, Maëlle, une gamine du crû au tempérament de feu, passionnée par les abeilles. Elle va également y faire la connaissance du doux Léo, qui tire les cartes et fait du macramé, et d'une poignée d'autres ados qui se connaissent depuis toujours. Là-bas, cernée par la nature et coupée des réseaux et de la ville, Gwendoline va découvrir un secret enfoui depuis presque vingt ans... et peut-être renouer avec les battements de son coeur.

C'était une lecture vraiment très agréable, j'ai immédiatement accroché avec le style de Mélody Gornet, fluide, immersif et intimiste. Il m'a rappelé celui de Stéphanie Leclerc. Il y a de la douceur dans sa manière d'écrire les mots les plus durs. Apitoxine est un roman initiatique, dans lequel le personnage principal, Gwendoline, une citadine un peu enrobée, un peu empotée, et surtout convaincue d'être une gêne insurmontable pour sa famille, va peu à peu affirmer sa personnalité et faire valoir sa place au monde. C'est un roman sensible, multi-sensoriel, qui interroge notre rapport aux autres, à l'importance de nos racines, et qui envisage la reconnexion à la nature comme seule manière de revenir à soi.

Gwendoline évoque la cruauté des rapports lycéens et, ironiquement, va se confronter à une réalité non moins violente loin des villes et des réseaux. A travers le fameux mystère déterré par Maëlle et Gwen, l'auteure dresse un portrait complexe de l'adolescence rurale, flirte d'abord avec l'image d'Epinal d'une communauté aux rapports simples, soudée, avec des valeurs élémentaires, pour mieux en démonter par la suite toute la jovialité apparente, le charme bucolique envolé.

J'ai vraiment apprécié la galerie de personnages déployée par l'auteure : de la mère maladroite et grossophobe au grand-père acariâtre et phallocrate, en passant par la grand-mère qui incarne le pragmatisme fait femme. Mais ce sont les trois ados principaux, Gwen, très attachante dans ses questionnements et dont le sentiment de non-appartenance fera écho en chacun d'entre nous, Maëlle évidemment, animée par une rage tenace de s'extraire de ce creuset toxique et Léo surtout, personnage solaire, aussi doux qu'énigmatique, féminin-masculin confident de la forêt.

Je n'en dirai pas plus pour ne pas éventer davantage l'intrigue de ce très joli roman, dont je vous recommande la lecture par un bel après-midi de printemps ou une chaude journée d'été, environnée par le bourdonnement des abeilles au loin et le bruissement des feuilles. Cet été-là, intense et contemplatif, a quelque chose d'évident.
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