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Critique de Littecritiques


Avec ce premier roman, l'auteur signe un récit choc et choquant, perturbant et perturbé, heurtant et heurté.

Un enfant, narrateur dont on ignore le nom, vit seul avec sa mère qui accumule les tentatives de suicide. Après ses essais infructueux répétés, les services de protection de l'enfance finissent par considérer que la situation est compromettante pour la santé physique et mentale de l'enfant. Il retire à sa mère son autorité parentale et ce dernier est placé en famille d'accueil. Loin de comprendre la décision des autorités, l'enfant accumule les problèmes face à des familles toutes aussi peu accueillantes les unes que les autres, qui n'attendent que la remise du chèque à la fin du mois. Il est trimballé de foyers en foyers. Il développe une addiction aux drogues de toutes sortes, aux jeux d'argent et à la pornographie. A sa majorité, enfin presque… 17 ans, un brin de maturité décelée, et le voilà seul pour subvenir à ses besoins. Sa vie continue de suivre un cours calamiteux jusqu'à ce qu'une femme retrouve les coordonnées de sa mère dont il avait perdu la trace.

Au fil des chapitres, on le voit grandir mais le premier commence alors qu'il n'a que sept ans. Déjà écorché par la vie, traumatisé par son enfance et rejeté par la société, ce jeune marginalisé donne le ton « Ma mère se suicidait souvent ». On est déjà heurté par le franc-parler du narrateur, oserais-je dire éponyme du roman puisqu'il s'agit de la bête. On dit souvent qu'un bon livre plonge le lecteur dans les méandres de l'histoire de son protagoniste. Ici, l'expression prend tout son sens. On est emporté, si ce n'est bousculé, par la vague, la tempête qu'il constitue.

Il agrémente son histoire de formules grinçantes dont la véracité nous tord l'estomac « Ma mère a contribué à l'avancement de la science psychiatrique tant elle était investie dans ses crises ». C'est un roman à l'humour noir et glaçant mais dont l'incroyable maturité nous porte à sourire à plusieurs reprises « Tout le monde disait croire en moi, mais personne ne croyait ce que je disais ». Son histoire bouleverse, celle d'un enfant malmené par la vie, incompris par une société du politiquement correct où la psychiatrie et les jeunes à problème peinent à trouver leur place « J'étais un malentendu ». Ses humeurs varient en un instant et les animaux en font souvent les frais. Il affectionne la lecture, particulièrement celle des dictionnaires de citations et aligne comme bon lui semble les références approximatives. Il pense tout savoir, hait le monde, la politique et le capitalisme. Il mène une vie de délinquant et on le voit inexorablement courir à sa perte. Une véritable descente aux enfers…

Le roman se lit dans une ambiance assez paradoxale entre malaise et délectation. On passe du rire au dégoût et on est même écoeuré par ce personnage. le rythme du récit est très rapide et suit le cours de la pensée de son narrateur, sous amphétamine, entre autres. Ses mots sont durs mais justes. Son humour est tranchant. Sa pensée ciselée. On s'émeut de ses observations bancales sur le monde. C'est un être haïssable mais dont on se rend bien compte qu'il manque cruellement de tout, surtout d'affection et d'attention.

La bête constitue un anti-héros par excellence que la société a, malgré elle, laissé sur le bas-côté et qui, en dépit de ses manipulations, de sa haine et de sa brutalité, nous émeut.
Lien : https://littecritiques.wordp..
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