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sur 436 notes
De son enfance, il en garde des souvenirs plutôt marquants. Outre les multiples déménagements à travers le Québec, il a vu sa mère se suicider plusieurs fois. Plusieurs tentatives qui ont, à son grand soulagement, échoué mais qui, au final, l'auront séparé d'elle. La faute à ces services sociaux qui s'en sont mêlés et l'ont ainsi placé en famille d'accueil. Des familles d'accueil qui se sont succédé, lassées et désemparées, aucune n'étant visiblement dans la capacité de garder cet enfant turbulent, menteur, violent parfois, perturbé et perturbant. À 17 ans, on a jugé qu'il pouvait vivre seul, en appartement. Ne lui restait alors plus qu'à trouver un emploi. Peu actif dans ses recherches, lui n'a dorénavant qu'un seul objectif : retrouver sa mère...

Le narrateur, dont on ignore le prénom, au vu de son enfance difficile, avec peu de repères, peu d'amour et de considération, semble déconnecté de la vie en société. Petit délinquant, accro aux joints, au sexe, voleur, menteur, peu de choses l'intéressent. Il n'a qu'une seule obsession, retrouver sa mère à qui, il en est sûr, il doit manquer. C'est de son point de vue, avec l'utilisation du je, que l'on assiste à ses déboires, ses délires, ses transgressions, ses emportements, sa lente descente aux enfers. Lui, en revanche, ne voit pas et ne comprend pas la portée de ses actes, ses sentiments faussés tant sa logique est déformée et fantaisiste. Aussi, si l'on assiste à des scènes violentes, incompréhensibles ou crues, l'on sourit pourtant parfois face à ce comportement décalé et déconcertant. Pour autant, étonnamment, l'on s'attache à ce narrateur en manque d'amour, de repères, de balises, d'attention, de considération. Si l'écriture directe et sans filtre nous immerge, parfois avec effroi, dans la tête de ce jeune homme, David Goudreault ne manque pas d'humour et de causticité pour alléger le propos.
Un roman détonnant...
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"Ma mère se suicidait souvent. Elle a commencé toute jeune en amatrice." Quand un roman débute ainsi, on peut s'attendre à être remué, sinon heurté. Bang ! En pleine face. Pour "La bête à sa mère " de David Goudreault, le lecteur doit se compromettre. Aucune distance n'est possible. On ne fait pas dans la dentelle. Tout est bien trop "vrai". "La bête à sa mère" ou peut être "Anatomie du délinquant", est une malaisante critique. Une embarassante critique sociale mais tellement juste de notre hypocrisie commune, des trous de nos systèmes sociaux. C'est le parfait portrait d'un vaurien, un véritable "looser" et de sa longue descente (montée ? ) dans la déviance. Accroc aux amphétamines, à la porno, à l'alcool, au sexe, au jeu etc. c'est un homme seul. Malade, blessé à mort, en manque de tout, d'amour, de mère, de famille , il interprète constamment sa vie. Se la joue "cool" tout le temps. Ce qui est vraiment fou, c'est que rien dans ce roman ne nous est vraiment inconnu. Il suffisait de nous le dire crûment. L'écriture de David Goudreault est ryhtmée, ses mots sont durs mais justes , attention aucune rectitude politique permise ici, et surtout, ils résonnent longtemps dans notre tête. Définitivement moderne, d'actualité et légitime, on ne doit pas passer à côté de cette lecture. Un premier roman qui décoiffe , qui détonne.
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L'enfance de la bête, où comment on devient psychopathe…

Un bambin qui assiste aux tentatives de suicides de sa mère et qui à 4-5 ans devient celui qui appelle les urgences. Mais ensuite, les services de protection de l'enfance le séparent de sa mère. Il sera hébergé chez des familles d'accueil qui se lasseront vite de ce gamin perturbé. Et le garçon gardera un souvenir idéalisé de sa mère qu'il cherchera désespérément à retrouver.

Écrit au je, c'est du point de vue de l'esprit dérangé de la bête qu'on assiste à l'histoire. Sa logique complètement tordue est déconcertante, mais on se rappellera que l'auteur est travailleur social et s'est probablement inspiré des bizarreries des clients avec qui il a traité.

Pour faire passer l'horreur, des touches d'humour avec des citations complètement farfelues allègent le texte. Car la bête est aussi un lecteur. Il nous servira par exemple « Si la montagne ne vient pas à toi, va à la montagne » écrivait Laurence Darabie, une poétesse maghrébine. (p. 181)

Une écriture intelligente, mais un thème brutal, une trilogie à découvrir.
(et le deuxième de la série est encore meilleur…)
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La bête à sa mère ou le journal d'un jeune dégueulasse.
Le narrateur est un sociopathe narcissique, toxicomane, masturbateur compulsif, alcoolique, voleur… et j'en passe. Une vraie de vraie bombe à retardement, un narrateur se constituant une véritable bible de vengeance. Enlevé à sa mère suicidaire dès son plus jeune âge, commence alors pour lui la succession de familles d'accueil et de centre fermé. Son profil de dérangé se forge, se consolide. Il deviendra obsédé par le fait de retrouver sa mère. Sur les bons conseils d'une barmaid cocaïnomane, il se rendra à Sherbrooke, retrouver la femme qu'il croie être sa mère. Commence la traque et une lente descente aux enfers.
Une histoire sordide, crue, noire, gore… tout ce qu'il y a de mauvais chez l'être humain se retrouve dans ce court roman. Mais étrangement, j'ai aimé. Je l'ai littéralement dévoré et lu d'un trait. Goudreault écrit dur, mais écrit vrai. On lit le travailleur social en lui et il sait mettre en mot les profondeurs de l'âme. Mais vous ne sortirez pas indemnes de cette lecteur. Pas de zones grises, par contre. On aime ou on n'aime pas ; mais l'avantage à ça, c'est que ce roman ne laisse pas indifférent.
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C'est une amie qui m'a fait découvrir ce livre lors de la dernière Foire du livre à Bruxelles : un chat sur la couverture et des chats à l'intérieur, ça ne pouvait que m'attirer tout comme elle. Et puis j'ai entendu David Goudreault, en compagnie de Nicolas Dickner, Stéphane Larue et un quatrième dont j'ai oublié le nom, dans une rencontre du Festival America : quatre héros souffrant d'addictions diverses, quatre jeunes romanciers contemporains qui renouvellent vraiment le genre au Québec. Sachez aussi que David Goudreault est travailleur social mais aussi poète ; il anime des ateliers d'écriture dans des écoles et des prisons et il a remporté la Coupe du monde de slam à Paris. Lors du débat, parlant de son livre, il nous a prévenus : « la réalité dépasse la fiction ». Oufti, comme on dit à Liège (petite expression belge contre savoureux langage québécois) : je ne m'attendais pas à prendre pareille claque dans la figure !

La bête du titre, c'est le personnage principal qui nous raconte son histoire, dont nous ne connaîtrons jamais le nom : mère suicidaire, placé dans des familles d'accueil puis des centres fermés, très vite émancipé (à vrai dire pour se débarrasser de lui), il a appris sur le tas et est devenu un petit délinquant accro aux amphétamines et aux joints, au sexe (porno évidemment), masturbateur de compétition, avec un rapport… particulier aux animaux, entre autres exploits. Il ne manque pas de lettres (« c'est documenté »), il est sans cesse en train de chercher des coups (de plus en plus foireux) pour nourrir ses addictions (et se nourrir tout court) mais surtout il a gardé l'espoir de renouer avec sa mère. Il croit la retrouver à Sherbrooke, s'y installe, se fait engager à… la SPA et réfléchit à la meilleure manière d'approcher sa mère. « Les liens du sang sont plus forts que tout, c'est documenté. » (p. 71) de son point de vue personnel donc, nous assistons alors à ce qui est en réalité une descente aux enfers, alors qu'il se voit presque comme un bienfaiteur de l'humanité.

Il y a des pages de ce roman qui peuvent au minimum vous faire les yeux ronds, voire vous soulever de dégoût, et il me faut bien avouer que je me suis parfois demandé pourquoi je continuais à le lire. Mais comme je me souvenais de l'avertissement de l'auteur, je l'ai lu au trente-sixième degré, goûtant l'humour sans limite de David Goudreault et appréciant au passage la critique sociale que son personnage nous renvoie à la figure. Un personnage qu'on finit par trouver attachant, si si… Je suis curieuse de lire la suite c'est une trilogie), j'espère qu'elle monte en puissance.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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La Bête est un jeune garçon séparé de sa mère suicidaire par les services sociaux. de foyer en foyer, de famille d'accueil en famille d'accueil, il devient délinquant puis criminel, tout en essayant de retrouver sa mère. David Goudreault nous met dans la tête de ce jeune homme qui écrit ses aventures à la première personne. Il a clairement un problème psychiatrique, il prend ses désirs pour des réalités et comprend les interactions sociales de travers. On suit le cheminement d'un jeune homme qui devient violent et dangereux au fur et à mesure, on suit la formation d'un psychopathe. L'auteur brosse un portrait acide et tragique du système éducatif et des services sociaux québécois.
Le style de Goudreault est explosif, le roman démarre sur les chapeaux de roue (« Ma mère se suicidait souvent. Elle a commencé toute jeune, en amatrice.») et continue ainsi sur toute la longueur. La bête a le sens de la formule, le tout est d'un humour noir et grinçant. David Goudreault est champion du monde de slam et de poésie, le rythme du roman et les phrases percutantes font penser à un slam justement.
Un roman à l'écriture explosive et originale, à la fois violent et drôle.
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L'histoire d'un minable paumé asocial et égocentrique vaut-elle vraiment la peine d'être contée? C'est la question qui me reste en refermant ce livre. D'un coté le style est vif, les propos volontairement baveux, provocateurs même, plusieurs sarcasmes bien envoyés et même certaines réflexions plutôt rigolotes. Par contre le personnage, le narrateur puisque c'est écrit au je, est carrément abject autant envers les humains que les animaux, n'a aucune moralité, a un ego démesuré et reste un froussard de premier ordre malgré ses vantardises. Il faut aussi dire que c'est le premier tome d'une trilogie... Alors, lire la suite? Oui pour deux raisons. D'abord l'écriture particulière truculente, un peu à la John Fante dans ses meilleurs moments. Et aussi parce que j'ai appris à haïr ce personnage et rien ne m'a plus réjoui que lorsqu'il se fait tabasser, physiquement ou psychologiquement, car ce n'est que le juste retour des choses... J'ai l'espoir qu'il lui arrive d'autres malheurs dans les prochains tomes, sinon la vie ne serait vraiment pas juste!
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Amateurs d'humour noir, pourfendeurs du politiquement correct et autres cyniques en tout genre, bienvenue dans la tête de la Bête.
Il a été arraché à sa mère tout bambin, entre autre parce qu'elle se suicidait souvent. Il a martyrisé tous les animaux domestiques de ses familles d'accueil successives. Quoi de plus normal alors pour qu'il trouve un job à la S.P.A. et qu'il commence à traquer une certaine Marie-Madeleine, qui, vu qu'elle porte le même prénom que sa mère, doit sans doute être sa génitrice adorée.

Inadapté social est sans doute beaucoup trop faible pour décrire la personnalité du narrateur qui raconte sa vie et ses pensées. Acrro à tout ce qui peut rendre dépendant, il tient des raisonnements pas toujours dénués de bon sens, il est cynique, sans filtre, revanchard, violent par nécessité dira-t-il, fauché....
On ne saurait pas s'y attacher, mais qu'est-ce qu'il nous fait rire... jaune parfois. Parce qu'ici, l'humour noir est poussé à l'extrême et que tout sonne très juste et très réaliste. Ca pourrait presque être notre voisin ce type... et parfois, on ne peut qu'être d'accord avec ses nombreux aphorismes. Ca fait peur non?

David Goudreault réussit ici un vrai tour de force en enserrant son intrigue à travers une seule narration par un psychopathe en puissance. Une lecture assez jubilatoire.

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Le début de ce livre m'a fait demander si j'avais fait un bon choix. L'auteur cynique, exubérant, violent, vulgaire, manipulateur, provocateur et sous différentes addictions est très brut. On y comprend peu à peu qu'il exprime une grande souffrance et qu'il est très en colère. C'est un cas social, abandonné par une mère inadéquate. Il devient *dérangé*, visiblement asocial. A la longue, on le trouve tout de même sympathique, touchant, à la recherche d'une émotion palpitante, pas très mature, mais on peut le comprendre. Fort triste histoire qui nous donne envie de continuer vers le deuxième volet. Violence, certes, mais bien actuelle et malheureuse pour certains. J'ai apprécié.
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Avec ce premier roman, l'auteur signe un récit choc et choquant, perturbant et perturbé, heurtant et heurté.

Un enfant, narrateur dont on ignore le nom, vit seul avec sa mère qui accumule les tentatives de suicide. Après ses essais infructueux répétés, les services de protection de l'enfance finissent par considérer que la situation est compromettante pour la santé physique et mentale de l'enfant. Il retire à sa mère son autorité parentale et ce dernier est placé en famille d'accueil. Loin de comprendre la décision des autorités, l'enfant accumule les problèmes face à des familles toutes aussi peu accueillantes les unes que les autres, qui n'attendent que la remise du chèque à la fin du mois. Il est trimballé de foyers en foyers. Il développe une addiction aux drogues de toutes sortes, aux jeux d'argent et à la pornographie. A sa majorité, enfin presque… 17 ans, un brin de maturité décelée, et le voilà seul pour subvenir à ses besoins. Sa vie continue de suivre un cours calamiteux jusqu'à ce qu'une femme retrouve les coordonnées de sa mère dont il avait perdu la trace.

Au fil des chapitres, on le voit grandir mais le premier commence alors qu'il n'a que sept ans. Déjà écorché par la vie, traumatisé par son enfance et rejeté par la société, ce jeune marginalisé donne le ton « Ma mère se suicidait souvent ». On est déjà heurté par le franc-parler du narrateur, oserais-je dire éponyme du roman puisqu'il s'agit de la bête. On dit souvent qu'un bon livre plonge le lecteur dans les méandres de l'histoire de son protagoniste. Ici, l'expression prend tout son sens. On est emporté, si ce n'est bousculé, par la vague, la tempête qu'il constitue.

Il agrémente son histoire de formules grinçantes dont la véracité nous tord l'estomac « Ma mère a contribué à l'avancement de la science psychiatrique tant elle était investie dans ses crises ». C'est un roman à l'humour noir et glaçant mais dont l'incroyable maturité nous porte à sourire à plusieurs reprises « Tout le monde disait croire en moi, mais personne ne croyait ce que je disais ». Son histoire bouleverse, celle d'un enfant malmené par la vie, incompris par une société du politiquement correct où la psychiatrie et les jeunes à problème peinent à trouver leur place « J'étais un malentendu ». Ses humeurs varient en un instant et les animaux en font souvent les frais. Il affectionne la lecture, particulièrement celle des dictionnaires de citations et aligne comme bon lui semble les références approximatives. Il pense tout savoir, hait le monde, la politique et le capitalisme. Il mène une vie de délinquant et on le voit inexorablement courir à sa perte. Une véritable descente aux enfers…

Le roman se lit dans une ambiance assez paradoxale entre malaise et délectation. On passe du rire au dégoût et on est même écoeuré par ce personnage. le rythme du récit est très rapide et suit le cours de la pensée de son narrateur, sous amphétamine, entre autres. Ses mots sont durs mais justes. Son humour est tranchant. Sa pensée ciselée. On s'émeut de ses observations bancales sur le monde. C'est un être haïssable mais dont on se rend bien compte qu'il manque cruellement de tout, surtout d'affection et d'attention.

La bête constitue un anti-héros par excellence que la société a, malgré elle, laissé sur le bas-côté et qui, en dépit de ses manipulations, de sa haine et de sa brutalité, nous émeut.
Lien : https://littecritiques.wordp..
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